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Randonnées alpines
24 mai 2020

Souvenirs de montagne-5 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-5 

IV Randonnées à pied : anecdotes diverses                                          

La plus Grenobloise des montagnes : le Néron

La Grande Sure                                

Dévoluy                              

        Le village de Pellafol                 

        L’Obiou

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IV Randonnées à pied : anecdotes diverses

La plus Grenobloise des montagnes : le  Néron

En arrivant par le nord, la vue est attirée inévitablement par cette crête caractéristique qui s’étire en diagonale. Lors de mon arrivée dans la région, je lisais régulièrement le journal municipal, celui ci avait consacré un article sur le Néron.

J’ai été rapidement intrigué par ce sommet à cause de la disparition d’un père et de son fils nouvellement arrivé dans la région. Ils sont partis en demi-journée faire une petite ballade sur le versant du col de Clémencières. Après quelques années et d’infructueuses recherches ils n’ont jamais été retrouvés…

Il y a eu aussi de nombreux accidents. Tout cela était bien mystérieux à mes yeux jusqu’au jour où Sylvestre un vieux randonneur de l’association l’a fait avec une personne expérimentée. Sa réaction à été sans appel : « il y a un vide effrayant, c’est la première fois de ma vie que j’ai eu aussi peur ! ».

Je m’y aventure pour la première fois en pleine après midi d’un mois de juillet après un repas copieux, me fixant une simple reconnaissance. La montée est rude sous une chaleur suffocante. Je passe par la passerelle Hyppolite Müller, sans laquelle il faudrait une corde pour franchir ce passage délicat. Je prends pied sur la large crête au « poste romain » et je file sans encombre pendant une bonne heure jusqu’au pied de la « rampe » et du croisement du couloir en Z. Il est tard, presque 17heures. Je décide de faire demi-tour. Cela m’a permis de réaliser un premier repère très positif car je me suis promis d’y retourner.

Arrivé au parking, j’interpelle un randonneur en train de ranger son matériel. Il me dit être un habitué des lieux et avoir fréquenté tous les itinéraires. Il me donne quelques conseils qui me seront utiles plus tard.

En juin 2005, j’arrive à convaincre un collègue de travail de gravir ce sommet.

Nous partons vers 7h du matin. Nous sommes trois. La montée au départ est sévère, ma forme est au maximum, je pars « bille en tête » jusqu’au « poste romain ». Cela m’a joué un mauvais tour. Après une petite pause nous repartons, je suis victime de nausées violentes, il m’est impossible de continuer ! Je laisse mes deux compagnons partir seuls car l’un avait été visiblement énervé du retard que je leur causais… Après une demi heure de pose, je continue de monter jusqu’au même endroit que la fois précédente. En ce lieu je rencontre deux randonneurs Lyonnais. Eux aussi, s’arrêtent là pour d’autres raisons. Nous discutons un bon moment puis nous nous séparons. A nouveau je ressens des douleurs violentes au niveau du thorax. Il m’est très difficile de descendre. Je suis obligé de faire des poses tous les quarts d’heure. Plusieurs années après, j’ai su que c’était les prémices d’une angine de poitrine.

Un événement exceptionnel se produit dans cette montagne le 28 juillet 2006, un orage déclenche un incendie à partir du versant sud-ouest. Il perdure 10 jours ! L’endroit est inaccessible, les canadairs étant mobilisés sur des incendies plus menaçants, n’ont pu venir qu’une seule fois. Plusieurs hélicoptères se relaient tous les jours pour déverser quelques misérables mètres cubes d’eau, vu l’ampleur du sinistre !

Trois versants ont subi les dommages du feu, seul le côté du col de Clémencières est intact.Suite à cette catastrophe, le Néron fût interdit à toute personne pour une durée indéterminée.

Les crêtes du Néron

Nouvelle tentative en 2007, cette fois je suis bien décidé à aller jusqu’au bout et d’en faire le tour. Nous partons à deux d’un pas déterminé. Arrivés au « poste romain » nous constatons les dégâts mais qui au fil de ses quelques années commençaient à s’estomper. Sans couvert végétal, une plantation luxuriante pousse, certes des arbres brûlés sont toujours là sans feuilles, mais délavés par la pluie.  Nous sommes au mois de mai, c’est une explosion de fleurs de tous les côtés.

Arrivé au niveau du couloir en Z, nous commençons l’escalade de la « rampe », plan incliné où les prises sont bonnes et bien visibles. Après c’est une suite continue d’arêtes sur 2 kilomètres jusqu’au sommet sud, ne présentant pas de grosses difficultés pour des randonneurs ayant un bon pied montagnard.

Suite à une pose nous poursuivons l’itinéraire en direction de la pointe nord.

Une difficulté s’annonce à nous : un passage aérien sur quelques mètres de cotation III qui peut se passer sans assurance, avec un minimum d’attention. Enfin c’est le sommet nord puis la descente par le couloir de Clémencières.

Plus bas nous rencontrons un randonneur solitaire et exténué, il nous demande des explications sur différentes variantes, ne comprenant pas tellement ce qu’il voulait nous demander,  nous le voyons sortir avec stupeur, de son sac à dos, un gros livre de randonnées en Chartreuse ! Combien aurait il mieux fait de le laisser chez lui et de photocopier quelques pages ! Plus bas j’aperçois un panneau : « zone dangereuse interdite à toute personne », nous sommes surpris car aucun danger potentiel n’était visible, peut être ont ils oublié d’enlever ce panneau ! Pour en avoir le cœur net, le lendemain je décide de téléphoner à la mairie de Saint Martin le Vinoux. D’entrée on me passe la  police municipale, une policière me signale qu’effectivement la montagne n’est toujours autorisée et qu’une forte amende est infligée à qui enfreindra cette interdiction !

 

La Grande Sure

J’adore parcourir les cartes pour trouver de nouveaux itinéraires. Beaucoup de mes soirées sont occupées à cela. Le voyage commence sur une carte et se poursuivra tôt ou tard sur le terrain. Ce week-end d’automne 2002 je décide d’aller parcourir un itinéraire en Chartreuse. Aller sur un sommet que j’ai fait plusieurs fois mais par un itinéraire complètement différent. C’était l’objectif de la journée. Départ du petit village des Grollets (467m) sur la route de St Laurent du Pont, avant le lever du jour. Je fais un détour par la magnifique cascade de la Pisserotte. Retour sur mes pas pour prendre un sentier à peine visible. La montée est rude et se fait à la frontale. Enfin je suis au portail de Chorolant. Une brèche où il faut utiliser les mains pour passer. Elle permet de déboucher dans une prairie d’altitude avec le soleil levant.  Quel bonheur ! La suite se poursuit par une longue traversée du versant Est dans l’ombre de la Grande Sûre, en passant par le chalet de Jusson. Ensuite l’itinéraire passe par une cheminée permettant d’arriver directement au sommet de la Grande Sure (1920m). Certes le pied montagnard est nécessaire dans cet endroit car à mi hauteur j’ai été impressionné par une flèche peinte sur un grand rocher désignant la suite du parcours. J’ai bien cherché la continuité du sentier à droite puis à gauche mais il n’y avait qu’une issue : tout droit ! C’est la partie la plus délicate de cette cheminée.  A la sortie je retrouve le soleil et une vue splendide sur le Voironnais. Je m’accorde une bonne demi-heure pour prendre un repas. Je ne m’attarde pas plus car de nombreux groupes de randonneurs arrivent et viennent troubler la quiétude tant recherchée. Je décide de partir sans tarder. Le circuit prévu fait une boucle, il passe par le versant Est en prenant le col de la Sûre puis descend rapidement vers le Cul de Lampe. Un lieu nommé ainsi car en forme de U. Là j’ai un doute sur un croisement pour rejoindre Saint Joseph de Rivière. Je vois devant moi un couple de randonneurs âgés et nous entrons en discussion. Je leur demande des informations sur la suite du parcours. Ils vont sur la chartreuse de Currière et m’indiquent le chemin à suivre. Nous parlons aussi d’autres sujets. C’est là le réel attrait humain de la randonnée où les gens se contactent facilement et bavardent de tout et de rien. Nous nous saluons en faisant un signe de la main. Je continue ma descente rive gauche du paisible ruisseau de Chorolong. Plus bas il passe dans une gorge étroite et se transforme en une cascade vrombissante. Le seul endroit délicat à franchir est un ancien pont sur lequel il ne reste que deux poutres poreuses avec le vide en dessous. Je traverse rapidement en mettant un pied devant l'autre prudemment. Ouf c’est passé !

Finalement j’arrive sans encombre à Saint Joseph de Rivière où je prends le temps de passer à une boulangerie. Ensuite je marche au bord de la route nationale pour retourner à la voiture. Et là bien sûr c’est le mauvais coté de la balade ! Soit environ quatre kilomètres à faire. Mais miracle une voiture s’arrête ! Et je reconnais « mes deux randonneurs » qui me font signe pour m’inviter à monter. Ce que je fais très volontiers car j’en suis à ma huitième heure de marche. Je tiens à signaler que mon record a été de 14 dans le Vercors… Nous discutons à nouveau et ensuite ils décident de faire un détour pour me ramener à la voiture. Je les remercie beaucoup de leur sympathie. Je serai toujours étonné de cette solidarité qui lie les rencontres là hauts. Cela je ne l’ai connu nulle part ailleurs.

 

La grande Sure au loin, vue des rochers de Chalves – Chartreuse

 

Le Dévoluy

Le village de Péllafol

Pellafol un petit village qui ne paye pas de mine, situé à l’écart de la départementale.  Pourtant dans le paysage il y a une curiosité sans précédent dans le Dévoluy, tenez vous bien : une ligne droite de 5 kilomètres avec des poteaux en bois, la même que celle dans le film « Paris Texas ». Pour moi elle est légendaire depuis la première fois où je suis allé dans ce massif. La commune est située dans une grande plaine agricole mais il manquait de l’eau. Alors entre 1876 et 1890 des ouvriers locaux mais aussi lointains ont taillé un canal en corniche dans la falaise entre la source de la Souloise et la plaine de Pellafol pour être utilisé seulement 10 années ! Le débit de la Souloise ayant diminué et ne pouvant plus alimenter régulièrement la plaine de Pellafol. Ce village a été aussi victime d’un drame international : celui du crash d’un avion Canadien dans la casse rouge, face nord-ouest de l’Obiou. Mais beaucoup plus heureux il a aussi son champion olympique en Bob.

Pour les randonneurs c’est un carrefour obligé permettant de prendre la route forestière du col des Faïsses accèdent au parking du départ de l’Obiou. Mais aussi pour rejoindre Mens par une route de traverse.

 

Route de Pellafol

 

 

 

Canal taillé dans la falaise - Gorges de la Souloise

 

 

 

L’Obiou

Je vais régulièrement à la bibliothèque de Fontaine, souvent je trouve des livres très intéressants qui sont le point de départ de nouvelles balades. Aujourd’hui j’ai emprunté un livre sur l’Obiou écrit par un passionné de ce sommet pour l’avoir fait 130 fois. Il connaît tous les itinéraires et les moindres recoins. Mon attention est particulièrement attirée par un parcours dont j’avais vaguement entendu parler sans savoir si réellement cela se faisait : celui qui passe par le refuge de Rochassac, l’arête Fluchaire jusqu’au Bonnet de l’Evêque, l'arête de Malpasset, et enfin la tête de l’Obiou. Pour le retour une variante en descendant par l’arête du Ratier. Et bien c’est exactement ce qui était décrit dans ce livre. Mon choix est fait, dès la belle saison je ferai ce parcours en solo. Je me renseigne autour de moi en consultant des gens qui pouvaient connaître cet itinéraire et me donner des informations, mais rien de tel. Aucune personne ne l’a fait.

Je choisi un samedi car c’est une "bavante", environ 1650m de dénivelée. Cela me permettra de récupérer le dimanche.

Je pars très tôt de Fontaine, vers 4h30 du matin. J’ai coutume de faire une halte à Vif au seul café ouvert face à la mairie. Le serveur m’a confié une fois qu’il n’était qu’un salarié mais très heureux d’ouvrir si tôt pour rendre service aux gens matinaux. Après un bon café je reprends la RN75 vers Tréminis. Arrivé sur le parking à proximité du village de Longueville je démarre vers 6h.  La montée jusqu’au refuge de Rochassac se fait sans encombre. Mais arrivé à quelques mètres du refuge deux chiens se mettent à aboyer violemment, je m’aperçois qu’il y a 4 randonneurs qui dorment à la belle étoile et mon passage qui n’a pu être discret les a réveillés précipitamment. En contournant une bergerie, je prends pied sur un sentier balcon qui m’emmène au pied de l’arête Fluchaire. A mi-parcours j’entends des pierres tomber à proximité, je les vois traverser le sentier. Je me protège en m’accroupissant et en mettant mon sac dessus ma tête en guise de protection. J’entrevois un groupe de chamois qui passent en hauteur et font dégringoler plusieurs dizaines de gros cailloux. Cela promet d’être chaud pour la suite !

J’attaque l’arête herbeuse de la Fluchaire. Elle se redresse de plus en plus. Fort heureusement il y a de petites terrasses herbeuses qui me facilitent l’ascension puis je butte contre une barre rocheuse. Là ça commence à se « corser »… Je débute par une escalade de niveau II environ avec un vide qui se creuse au fil des mètres parcourus. Il faut faire très attention car aucune roche ne tient, c’est un empilement de cailloux prêt à partir à chaque instant. Cela est une caractéristique de ce massif : le Dévoluy. Massif que j’ai connu tout d’abord au printemps avec mes premières randonnées en ski avec le « Renard Vagabond ». Aujourd’hui nous sommes fin août et seulement un névé minuscule persiste dans l’ombre au niveau de la brèche permettant de sortir à proximité du Bonnet de l’Evêque. Mais je n’en suis pas encore là. Je continue mon ascension avec prudence cherchant à chaque instant le meilleur passage possible. Je suis seul et en cas de problème je risque de rester là longtemps car je ne crois pas qu’il y est beaucoup d’amateurs qui passent par là… Finalement j’aborde ce névé que je voyais tout minuscule de la RN75. La brèche puis le Bonnet. Ouf ! Une première partie est gagnée. Il reste la suite : le Malpasset, un pas de III à franchir sans corde ni assurance.

 

 

 

Le Malpasset – massif du Dévoluy

 

Je commence une escalade délicate mais courte. Très heureux de l’avoir franchi seul. Je rejoins le sentier de l’itinéraire classique où je croise d’autres personnes. Le sommet est en vu, puis le cairn final. J’ai coutume de mettre une pierre anonyme pour authentifier mon passage. Il est midi, je me repose quelques instant, je consomme mon sandwich bien mérité, mais une idée me tracasse : redescendre par ce pas sans corde et puis j’ai vu de près l’arête du ratier : elle est très pentue… Après réflexion je décide de faire la boucle cela sera plus prudent. Mais qu’elle boucle ! Descendre par le sentier normal du versant NE puis basculer  en bas de la casse de l’Obiou soit 1760m de descente puis remontée de 950m jusqu’au col de l’Aiguille et redescente vers la voiture de 960m. Un pari complètement fou. Pourtant il n’est que 12h30 quand je repars. Malgré ces difficultés je préfère faire la grande boucle plutôt que d’affronter à nouveau le vide. Je dois dire que là je vais battre mon record de dénivelée. Une nouvelle fois j’arriverai à la voiture en pleine nuit ! Mais j’ai l’habitude.

Je commence ma descente par des dalles puis le sentier chemine sous un toit de roche calcaire très délité nommé localement la cravate. Avant d’arriver au col de l’Obiou il y a de nombreuses pierres au sol et par mégarde j’en fait tomber une plus bas sur le sentier. Je me précipite pour voir si elle n’avait pas atteint une personne. Fort heureusement aucun randonneur ne se trouvait là. J’aborde un cirque pierreux assez raide avec délicatesse car le moindre faux pas ne pardonnerait pas. Le danger vient aussi de dessus avec des pierres qui peuvent tomber. Enfin j’arrive au parking en même temps que d’autres randonneurs qui eux au moins ont leur voiture ! Je n’ose leur demander s’ils passent par Mens mais c’est peu probable car ce n’est pas la direction. Je chemine sur le chemin empierré mais carrossable. Je consulte ma carte à un croisement, j’hésite de le prendre pour quitter cette route car il y a des hautes herbes et je préfère prendre le suivant. C’est là qu’un événement inattendu se passe. J’entends ralentir une voiture et arrivée à mon niveau le conducteur me demande si je veux monter. Je lui demande s’il passe par Mens il me répond « oui bien sûr ». J’ai été très agréablement surpris. Nous engageons la conversation tout en roulant. Il est de Lyon et vient régulièrement dans le Trièves pour voir des amis. Il a l’habitude de faire l’Obiou par l’itinéraire normal mais ne connaît pas l’endroit par où je suis passé. Il m’a dit qu’il m’a vu arriver de loin et qu’il voulait savoir qu’elles étaient les difficultés. A Mens nous nous arrêtons prendre un pot que je lui offre bien volontiers. Nous discutons d’un livre que nous avons lu sur la philosophie et le bienfait de la marche. Lui aussi est un passionné de la randonnée. Il m’a raconté sa traversé du Vercors sud et de la Drôme en une quinzaine de jours avec des lamas. Il a fait une interview à la télévision pour cela et a même été pris en photo dans le journal local de la gendarmerie de Die ! Nous avons échangé les numéros de téléphone en promettent de se contacter pour une prochaine sortie. L’amitié se lie vite entre les randonneurs. Il me propose de me ramener à ma voiture. Je n’ai pas voulu abuser de sa bonté et il m’a laissé à quelques kilomètres. C’était largement suffisant, à coté de ce que j’aurais dû faire à pied !

 

 

 

L’Obiou versant nord – massif du Dévoluy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       

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Randonnées alpines
  • Recueil d'histoires vécues en montagne au fil des randonnées dans les Alpes et au-delà. Anecdotes de rencontres avec les personnages hors du commun mais aussi diverses frayeurs et mon engouement pour ce milieu qui m'a conduit jusqu'aux plus hauts sommets.
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