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Randonnées alpines

24 septembre 2020

Souvenirs de montagne-8 ***Recueil de textes édités en plusieurs parties***

Sommaire-8

Anecdotes en VTT

              Périple en Diois et Vercors sud

              VTT hors piste 

 Si le cœur vous en dit !

 Chaussures fidèles

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Anecdotes en VTT

 

Périple en Diois et Vercors sud

Après un voyage éprouvant depuis Grenoble nous arrivons à Chatillon en Diois où nous stationnons proche du camping. Pendant que nous étions afférés à nous préparer, un homme d’une cinquantaine d’année s’approche de nous et engage la conversation avec Michel.

Il nous dit faire sa petite promenade journalière. Ne pouvant plus exercer sa profession de maçon suite à une maladie spécifique à ce métier ajouté à des problèmes de dos. Sur ce, nous partons. Le début du circuit est très agréable, démarrant par un sentier balcon bien au-dessus de la rivière Drôme mais notre attention est sans cesse vigilante car étroit, tortueux et aucune barrière face au vide omni présente. Après plusieurs heures de pédalage intensif nous arrivons à Die capitale de la fameuse clairette, vin blanc pétillant. Nous sommes proche des vendanges, dans chaque vignoble les pieds de vignes sont chargés de raisins succulent que nous dégustons à chaque arrêt dès que nous le pouvons. C’est un raisin blanc très sucré et excellent. Nous faisons une pause tout d’abord en visitant la cathédrale imposante par le porche d’entrée surmonté d’un clocher massif puis nous nous asseyons à la terrasse d’une boulangerie-café pour grignoter et boire.

       

 Cathédrale de Die                                                                     Pause à Die

 En repartant nous sortons de la ville par une magnifique porte romaine. Maintenant c’est la montée longue et rude vers la ferme abbaye de Valcroissant, mais l’effort vaut bien le détour. Nous sommes récompensés de la beauté du lieu chargé d’histoire. Nous visitons et prenons des photos avant de repartir sur nos pas car le crochet ajoute quatre bons kilomètres.

                 

Ferme abbaye de Valcroissant

Direction le col de l’abbaye. Là haut la vue est belle sur les balcons du Glandasse surmonté du sommet  local le « pié ferré »  que j’ai gravi une année auparavant. Puis c’est la descente ou presque, car il y a quelques courtes remontées, vers Châtillon.  Nous allons au gîte d’étape où nous sommes seuls. Pour le repas du soir c’est la galère car à notre grande surprise le centre du village est absolument désert : commerces, cafés, restaurants et hôtels sont clos. Nous interpelons une rare personne que nous croisons, sa réponse est sans appel, il n’y en a qu’un ouvert à deux kilomètres de là ! Nous y allons à pied dans la nuit et sommes correctement servis. Après avoir rejoint notre dortoir et discuté un moment nous nous plongeons dans un sommeil réparateur. Au milieu de la nuit, je me lève et je descends au ré de chaussée où se trouvent les toilettes, j’hésite à éclairer puis je le fais et je vois un magnifique scorpion redressant son dard…  cela me réveille d’un seul coup ! Je tape plusieurs fois du pied pour le chasser, mais rien n’y fait, « monsieur » a décidé de ne pas bouger. J’emploie les grands moyens, je l’écrase avec ma chaussure, tellement fort que la violence du choc me crée une forte douleur plantaire ! Le lendemain j’informe la gérante.  Elle n’est pas du tout étonnée et me fait part de cet évènement : « l’été nous avons une zone de reproduction sur la terrasse coté sud ! Mon fils est écolo et ne veut pas les tuer, quand il y en a un dans la maison il prend un bocal, l’enferme puis le relâche dehors », me voyant un peu gêné par mon acte, elle me rassure en disant : « ne vous inquiétez pas, j’aurai fait pareil à votre place ! ». Nous réglons la note et partons en direction du col du Rousset. La route est longue et sinueuse. A l’entrée du tunnel donnant accès à la station du Rousset nous laissons la voiture sur une petite plate-forme. Nous reprenons de nouveau les VTT pour emprunter la fameuse voie romaine taillée dans les rochers. Une montée sévère lui fait suite donnant accès aux magnifiques prairies du sommet le But de l’Aiglette. Là nous croisons et recroisons plusieurs fois un groupe de personnes âgés randonneurs certes paraissant sympathiques au premier abord mais la suite est d’un autre genre ! En effet la pente est forte, je pousse mon vélo pendant que Michel s’évertue à continuer à pédaler, c’est à ce moment qu’une femme âgée m’interpelle pour dire d’une façon ironique : « comment se fait il  que votre ami est sur le vélo et vous à pied » tout en se mettant à rire… je continu sans mot dire. Un moment plus tard, il nous rattrape. Une nouvelle cote très pentue m’oblige à descendre du vélo. Un illuminé de ce groupe me dit pour faire le malin devant les autres mais en plaisantant : « voulez vous qu’on vous le porte ? ». Je  trouve regrettable ce genre de réflexion entre vététistes et marcheurs qui reste, heureusement exceptionnel, le premier à ma connaissance. L’insertion  dans un groupe permet à certaines personnes d’exprimer ouvertement leur moquerie. Du sommet nous avons une magnifique vue sur l’ensemble du Diois et les hauts plateaux du Vercors. A notre grande surprise nous sommes survolés par une colonie de vautours fauves.

                      

Voie romaine                                                                                          Vautour fauve

Nous redescendons sans encombre à la voiture. Nous poursuivons notre tournée en direction de La Chapelle en Vercors. Il est 15h, nous faisons la pause repas à la fontaine aux ours. Avant de repartir faire un circuit autour des rochers du Mas, nous visitons l’église. Fait curieux à l’intérieur : il y a une immense carte mondiale de tous les pays où chaque visiteur met une punaise sur le pays d’origine. Je suis stupéfait de voir la diversité des nationalités venant visiter cette chapelle dans un aussi petit village… Notre périple se termine de nuit puis nous retournons à Grenoble.

 

 La Chapelle en Vercors

VTT hors piste !

Depuis de nombreuses années je fais une cure thermale à Uriage les Bains où un ami de montagne travaille en tant qu’électricien. Pendant une pose je sors faire un petit tour vers le palace du coin : le grand hôtel. Devant l’entrée j’aperçois deux magnifiques Porshes une rouge et une autre jaune. A proximité je vois Michel en bleu de travail contemplatif avec sa caisse à outil ou plutôt un seau avec des grosses clés à l’intérieur. Je lui dis en plaisantant : vas-tu réparer ces petits bijoux ! Nous engageons la conversation et nous convenons d’un rendez vous pour le lendemain.

Il est 16h environ, je l’attends devant le château de Sassenage. Je ne le vois pas. Mon portable sonne. Allo ! C’est Michel, je suis devant le château et toi ?  Moi aussi… Je me retourne : personne ! Enfin je ne te vois pas… Puis en scrutant le bout de l’allée je le vois, il est bien là devant les grilles du château et moi à l’extrémité de cette allée de tilleuls… Cela commence bien…

Nous montons ensemble à Saint Martin d’Uriage et nous partons en VTT devant le parking du château reconverti en appartements plus ou moins sinistres au dire de certaines personnes qui les ont visités. Nous allons sans encombre jusqu’à l’église du bourg puis au-dessus nous arrivons au niveau d’une porte en fer complètement rouillée interdisant l’accès d’un raccourci et portant le panneau suivant « interdiction de passer ». Je le signale à Michel mais c’était peine perdue, Michel s’affairait sur ce malheureux portail en essayant de l’ouvrir. Les minutes passent et semblent longues. Enfin il réussit à enlever un fil de fer rouillé qui cadenassait cette porte, puis d’un coup la serrure oxydée tombe par terre. Nous partons vite en montant et dépassons le club hippique. Il prend un chemin sur la gauche sans réfléchir, je signale qu’il n’y a plus de balise. Cela ne le dérange pas me faisant signe qu’il connaissait le parcours. Pourtant nous arrivons dans un cul de sac ! Devant nous un champs de blé. Peu importe, il rentre dans le champ faisant un sillon d’un mètre derrière lui… Je le suis de près en évitant d’élargir la trace. Nous arrivons dans la cours d’une ferme et nous sommes coursés par deux chiens montrant les crocs. Nous partons à toute vitesse.

Nous remontons et longeons la barrière d’un champ à vaches. Michel est devant comme d’habitude. D’un coup je vois les deux roues s’enfoncer dans la boue jusqu’au moyeu ! Il n’a que le temps de s’accrocher à un poteau de clôture pour éviter de tomber dans cette boue. J’essaye d’en dégager le vélo en le tirant en arrière. J’y arrive avec peine. Nous repartons après l’avoir un peu nettoyé.

La pente se raidit, d’un coup j’entends un bruit mécanique malsain ! Comme une pièce qui cède brutalement ! Je vois Michel pédaler dans le vide, il vient de casser son dérailleur.

Rien ne l’arrête, il le répare avec un fil de fer sorti du sac et nous repartons aussitôt…

La suite ce passe plutôt bien, on a eu assez d’avarie pour aujourd’hui !

 

Si le cœur vous en dit !

 

J’avais un après midi de repos avec une forte envie de faire un peu de sport. Je téléphone à plusieurs personnes au dernier moment, personne n’est libre. Finalement j’appelle Michaël. Je lui dis : « que me proposes tu cet après midi ? ». Il me répond très sérieusement : « Prends ton VTT on va faire une cascade de glace ». Voyant que je ne comprends pas très bien il me précise : « oui, nous allons au pied d’un ruisseau gelé dans la foret, nous grimpons et puis nous ferons la descente en VTT par une route forestière ». Qui dit mieux !                                           

Chaussures fidèles

Nous sommes en juillet 1990. Mon départ pour Briançon et les Alberts dans la vallée de Névache est fin prêt. En ce début d’après midi, je charge la voiture devant la place des Ecrins à Fontaine. Je dépose toutes mes affaires au sol, afin de mieux les ranger dans la 205. Je m’en vais pour une semaine rejoindre mes parents dans ce camping, très agréable et ombragé par une multitude de pins sylvestres, qu’ils ont l’habitude de fréquenter depuis de nombreuses années.

Arrivé sur place je constate à ma grande surprise que j’ai oublié mes chaussures en coque plastique sur le parking à Fontaine. Je suppose que je les avais glissées légèrement sous la voiture et dans la précipitation du départ elles sont restées sur place !

De retour de ces quelques jours de vacances je vais voir dans les halls d’entrées de la place s’il y avait, par hasard, une personne « charitable » qui les aurait trouvé et mis un mot … mais rien de cela !

Les mois passent, peut être 3 ou 4, je ne sais plus… Toujours est-il qu’une personne m’interpelle sur la place et me demande si je n’avais pas perdu une paire de chaussures de couleur violette ? Je réponds par l’affirmative. Je monte dans son appartement situé dans une montée voisine de la mienne. Je les reconnais immédiatement ! Je le remercie chaleureusement… Il m’offre un pastis « maison » de sa fabrication.

Par une belle après midi en ce mois de Novembre 2008, je suis allé au plateau du Sornin en brassant la neige fraîche. Quand je rentre j’ai l’habitude de mettre ces chaussures sur le balcon de façon à les aérer. Seulement il fait des températures négatives depuis plusieurs jours.

Le dimanche suivant je les prends en mettant les chaussons à l’intérieur sans rien remarquer de spécial.

Arrivé sur place pour faire une nouvelle randonnée sur le plateau Charvet proche de Saint Nizier, je les sors du coffre de la voiture,je fais la constatation suivante : les deux paires sont fissurées et que les semelles « baillent » sur le devant de chaque chaussure. Je pense que la randonnée est impossible, pourtant il me vient une idée, avec les lacets des chaussures de villes je vais attacher la semelle et la coque sur la plus abîmée. Cela m’a permis de «sauver» la randonnée même si je n’ai pu aller au Moucherotte comme prévu !

J’ai eu de la chance dans mon malheur, si je puis dire, car cela aurait pu arriver au sommet du Moucherotte et c’était la « cata ! »

La cause en est certainement la vétusté et le séjour sur le balcon !

 

 

Mes chaussures après une quinzaine d’années de bons et loyaux services !

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8 juin 2020

Souvenirs de montagne-7 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-7

              Le bar d’oyeu

              Comment une balade tourne au vinaigre

  L’attaque des patous

              Les hors-normes

              Le « va nu ski »

              Le « va nu pied »

              Réservation obligatoire !

              La générosité

 

 

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Le bar d’Oyeu

 

Ce dimanche matin il pleut « comme vache qui pisse » sur la route en direction d’Oyeu proche du lac Paladru. Je me demande vraiment pourquoi je suis parti.  Mais le besoin de m’aérer était plus fort que de flémmarder dans un bon lit douillet… Arrivé dans le village je reste figé dans la voiture sous la pluie. Il est 9h30, j’aperçois un petit bar. Je décide de prendre un café dans celui-ci. Deux personnes sont accoudées au comptoir avec un verre de blanc. Je suis isolé au bout de ce comptoir et je tends une oreille indiscrète sur la conversation. Un gars assez âgé aux cheveux blanc se présente comme un ancien gendarme à la retraite. Il monopolise la conversation en se faisant passer pour une sorte de héros de « biture » en « biture ». « Un dimanche je suis allé au lac Paladru avec un jeune. Comme à l’accoutumé nous prenons la barque au bord pour pêcher au milieu du lac. L’eau était agitée. Au moment où nous nous arrêtons pour sortir les cannes voilà qu’il se met à vomir… il m’avoue avoir un peu exagéré sur la boisson la veille ! Je lui réponds que cela aura l’avantage de nourrir les poissons et qu’aujourd’hui nous n’aurons pas besoin de jeter des appâts.» Il enchaîne avec une autre histoire : « Je suis allé au pot de départ du colonel « Tartan pion» en nous regardant comme si nous le connaissions ! Nous avons bu comme des trous a tel point que je ne pouvais rentrer seul ! Je demande à deux motards de la gendarmerie qui eux aussi avaient bien bu, de me raccompagner à Voiron… Ils acceptent sous condition que je leur paye les frais d’essence. Avant de les quitter, ils m’avouent qu’avant de rentrer chez eux ils vont se poster à un carrefour pour « s’en faire encore deux » de façon à finir le cota de la journée ! ». Sur ces bonnes paroles d’ivrognes je décide de quitter ce bar car la pluie s’arrête de tomber. Je suis en VTT et je fais une boucle en passant par la Croix du moine mort puis une descente très boueuse qui devait me conduire au château de Virieu par la vallée de la Bourbre. Décidément elle porte bien son nom ! Mais je décide de faire demi-tour car le vélo est recouvert de boue, les freins ne répondent plus ! Je me dirige en direction de la petite église de Millin, nommée ainsi depuis le Moyen age car la fête annuelle tombait au milieu de l’année. Je poursuis ma descente jusqu’ au ruisseau de la Bourbe et je monte une magnifique route goudronnée jusqu'à la croix de saint Sixte, point culminant de la balade. C’est un endroit très champêtre, occupé par des prairies où broutent des chèvres et des vaches. Je rentre en passant par le calvaire d’Oyeu. Arrivé dans le village vers 13h30 et à proximité du fameux bar j’entends un brouhaha infernal ! Je me dirige vers celui-ci, je m’approche de l’entrée et j’aperçois les mêmes personnes qui étaient là ce matin accompagnées par des nouvelles. C’était la seule animation de ce village, mais quelle animation ! J’imagine l’ancien gendarme reprendre le volant dans l’état où il était ! Et cette fois sans les motards…

 

Vers la croix de Sainte Sixte – Nord Isère

 

Comment une balade tourne au vinaigre !

 

Nous sommes trois copains, J M, D et moi même qui pratiquons régulièrement la montagne. Nous avons envie de faire partager notre passion avec d’autres personnes. Nous décidons de passer une annonce dans la presse locale. Des réponses affluent. Nous faisons un tri sélectif. Le rendez vous est pris au bar du Toro à l’esplanade. Tous réuni autour du verre de l’amitié nous faisons un petit briefing chacun à notre tour pour nous présenter, formuler nos souhaits et motivations. En ce début du printemps nous choisissons une balade dans le pays du lac de Paladru en passant par le château de Virieu que nous visiterons, histoire d’associer marche et culture. L’idée est parfaite et séduit tout le monde.

Nous nous retrouvons sur le parking du square des fusillés à Grenoble. Charmant pour un premier rendez vous ! Le temps est très maussade. Dans notre enthousiasme nous partons. Au fur et à mesure que nous rapprochons du départ il pleut de plus en plus. Nous décidons d’aller dans un bar pour décider de la suite… Nous prenons une boisson chaude, nous discutons, l’heure tourne. Je regarde à l’extérieur et je m’aperçois que la pluie s’arrête. Je leur propose de commencer cette balade, le groupe est mitigé. On est bien au chaud ! J’insiste fortement. Visiblement ils sont démotivés mais voyant mon insistance nous nous levons et partons. La première heure se passe sans problème. Ensuite il recommence à pleuvoir à seau cette fois, nous marchons dans la boue. Tout à coup je m’aperçois que nous nous sommes trompés plus rien ne correspond à la carte ! Je fais rapidement le point. Nous coupons à travers bois et ronces. Je leur explique que des nouvelles routes forestières ont été crées et que la carte n’est plus à jour. Mes explications ne leur conviennent pas et ils commencent à grogner. D'autant plus que la pluie redouble d’intensité, nous sommes complètement trempés…. Nous récupérons un chemin puis à nouveau il faut couper à travers champs et franchir barrières et enclos. Finalement je me situe à nouveau sur la carte. Nous commençons à traverser un pré où nous rencontrons des vaches et un taureau. Ils semblent assez agressifs et commencent à venir dans notre direction… Prise de panique une fille du groupe perd son sang froid, elle se met à hurler. La peur des vaches au ventre ! Ces cris provoquent l’arrêt immédiat du troupeau. Nous continuons une centaine de mètres pour nous apercevoir que nous sommes dans un cul de sac ! La piste s’arrête là. Je sens le fiasco venir… Nous faisons demi-tour, la tension monte dans le groupe. Nous prenons un nouveau chemin barré par un portail de 2 mètres de haut avec un panneau « entrée interdite ». La même fille commence à grimper le portail. Je l’interpelle pour qu’elle descende mais prise de colère elle continue et me crie « de tout façon si nous avons un problème je te tiendrai pour responsable ! ». Je sens la balade tourner au drame. Je réunis tout le monde pour leur proposer de faire demi-tour. Il y a trop de propriétés privées dans ce secteur et le paysage a beaucoup évolué par rapport à la carte. Nous prenons rigoureusement le chemin inverse pour éviter le pire. Pourtant l’un d’entre eux me suggère de faire quand même une boucle. Je lui réponds que pour aujourd’hui cela suffira. Le retour se fait sans commentaire. C’est la soupe à la grimace. La pluie se poursuit sans arrêt depuis des heures. Nous sommes trempés comme jamais ! Enfin nous arrivons aux voitures. Je m’excuse de les avoir entraînés dans cette « galère » malgré moi.

Le dimanche suivant je leur fixe un rendez vous au même endroit pour gravir la grande Moucherolle près de Villard de Lans. A ma grande surprise il n’y a qu’une personne. Nous attendons plus d’une demi heure mais pas de randonneurs en vue ! Nous partons tout de même. Il fait beau et la balade se passe sans encombre. Le soir venu j’appelle un des deux dits « copains » pour lui demander ce qui s’était passé. Il me répond tout simplement qu'ils se sont réunis la veille pour passer une soirée ensemble. Ils ont décidé de ne pas venir et cela sans me prévenir. J’ai compris tout de suite que s’était la sanction de dimanche dernier ! Le seul qui est venu n’était pas présent ce soir là. D’ailleurs par la suite, mis très certainement au courant par les autres, je ne l’ai plus revu…

L’attaque des patous

 

En mon sens, Patou est synonyme de « sale chien » même si cela vous choque !

N’étant pas très « fan » des canidés en temps normal, je les hais carrément et le mot n’est pas trop fort !

Cela confirme un dicton certifiant que le comportement du chien est le reflet du maître !

Voici  mes pérégrinations  avec  cet animal.

Mon premier contact fût au cours d’une ballade à pied à Saint Gabriel dans les Alpilles en Provence. D’un coup surgissent 3 chiens : un gros blanc imposant, dont j’ignorai le nom à l’époque et deux autres plus petits. Je les vois arriver en courant et en aboyant mais cela ne m’affole pas je n’ai jamais eu de problèmes avec un seul chien. Au fur et à mesure de leurs rapprochements, ils deviennent menaçants. Le blanc arrive au niveau de mon visage,  j’essaye de le calmer mais rien n’y fait ! Alors je me mets à hurler de toute mes forces : « les chiens », car je vois à proximité  deux personnes dont l’un semblait être un berger. Pire ils semblent sourire ! J’hurle encore plus fort. Se sentant obligés, ils les rappellent  timidement. Puis plus rien, je passe devant eux, toujours avec les  trois chiens autour de moi et ils ne me lâchent pas avant une centaine de mètres ! Je maudits ces personnes me regardant  l’air ironique et qui devaient se dire tout bas « celui là, il ne reviendra plus ! »

 

 

Chapelle de Saint Gabriel

 

 

 

 

 

 

La deuxième fois, c’est dans le massif du Mercantour à proximité du mont Mounier. Nous traversons une zone de transhumance peuplés de moutons,  nous suivons le sentier GR. Il y a deux Patous calmes comme des agneaux, l’un  à l’entrée du parc, l’autre au milieu, tous les deux lèvent la tête, nous regardent tranquillement et repartent dans leur sommeil. Ils nous ont laissés passés.  Bien éduqués, ils sont tout à fait capables de distinguer un homme d’un loup!

  Troupeau au mont Mounier

En  aout 2006 nous faisons une randonnée en partant du col de Grimone dans le Diois avec Isabelle. Nous décidons de faire un sommet peu parcouru : « la Toussière ». Arrivé à une certaine altitude nous quittons le GR,  prenons en pleine pente une sente qui grimpe rapidement aux crêtes. L’ascension est longue mais nous en arrivons à bout. La vue est magnifique sur le Jocou et le Dévoluy. Nous redescendons par le même itinéraire. Au niveau du col j’aperçois un troupeau de moutons. J’arrive le premier pour prendre quelques photos avec un beau coucher de soleil. Isabelle me suit de prêt. Les animaux ont peur en nous voyant brutalement et partent affolés. Nous continuons notre route non sans entendre des aboiements agressifs de plusieurs chiens… Ils déboulent sur nous… Quatre gros Patou nous entourent, l’un  s’en prend particulièrement  à Isabelle. Il la mord au coude puis fait des vas et viens entre nous et la mord à nouveau au genou… Le sang coule… Nous hurlons, nous entendons le berger qui rappelle timidement les chiens mais ceux-ci n’entendent rien, ils continuent à nous harceler. Continuant à nous éloigné du troupeau, seul un chien nous suit sur plusieurs centaines de mètres. Mais toujours pas de berger en vu, pourtant il est bel et bien là mais ne vient même pas nous voir…  A la voiture je donne les premiers secours à Isabelle. Nous partons à la gendarmerie de Lus La Croix Haute pour signaler le problème et trouver un médecin de garde.

  Au col avant l’attaque des chiens

En consultant la presse locale je constate qu’il y a de nombreuses attaques qui se terminent au tribunal mais sans résultat pour les pauvres randonneurs. Le chien étant considéré « au travail », un statut plus que bizarre pour un chien de cette espèce.

J’ai eu aussi dans le passé un problème avec un chien non Patou. Un soir faisant du jogging autour de Saint-Nizier sur le GR au niveau de la ferme Rony, célèbre pour ces fromages,  j’aperçois un petit chien. Il arrive en aboyant puis se met à uriner à une dizaine de mètres sur le chemin avant mon passage.  Arrivé exactement au niveau de l’urine ce sale animal me mort la main… J’ai la trace des crocs mais sans blessure. Je suis obligé de m’arrêter de courir et de passer en marchant calmement.  Je pense qu’il a pris ma course pour une agression …

 

Les hors normes !

 

Le « va nu ski »

Il y a quelques années j’ai rencontré un gars qui se prétendait plus ou moins guide et organisait des sorties à bas prix. Nous programmons une sortie pour aller dans la Combe Madame près d’Allevard. Quand il chausse ses skis je m’aperçois d’une chose curieuse ! Il a un ski rouge et un ski jaune, en plus ils semblent de tailles différentes… Je l’interpelle pour lui en demander la raison. Il m’avoue qu’il les a trouvés séparément en montagne et qu’ils devaient appartenir à des skieurs tombés dans une avalanche !

Il n’avait pas de travail et vivotait en faisant des petits boulots.

 

Le « va nu pied »

Un soir d’été je redescends du Moucherotte assez tard, vers 19h environ. Lors d’une pause sur l’ancienne piste se ski je vois arriver un homme de type asiatique en sandales avec des habits de ville, comme parachuté là par erreur.

Redescendant lui aussi. Il vient me voir en me demandant une chose curieuse : est ce qu’il y a des bus qui vont sur Grenoble tous les quarts d’heures ? Je lui réponds : « mon pauvre monsieur à cette heure là si vous en avez seulement un ce sera même un miracle !".

 

Réservation obligatoire !

Avec une amie nous avons décidé d’aller sur les hauts plateaux du Vercors en partant du village du Rousset proche du même col. Le soir venu nous décidons d’aller un peu tardivement dans le seul restaurant du village qui ne paye pas de mine. Nous rentrons. Nous sommes accueillis par le patron en nous demandant si nous avons réservé. « Réservé ? Oh non ! ». Il nous répond : « cela ne se fait pas c’est la première fois que des clients ne font pas une réservation, c’est impoli». Et nous de dire : « c’est la première fois que l’on entend cela ! ». Vous savez ici, les pilotes de la Patrouille de France viennent manger mes cuisses de grenouilles flambées au cognac.  C’est une spécialité de la maison mais il faut réserver une semaine à l’avance ! Il nous montre un livre avec de nombreuses photos d’avions et de pilotes. Il nous demande de patienter dans une arrière salle. Nous croisons la patronne. Nous lui faisons part de notre randonnée du lendemain. Elle ne connaît pas et pour cause elle ne sort jamais de son restaurant car apparemment trop occupée à ses tâches ménagères. Elle nous avoue avoir fait une sortie cet après midi pendant quelques heures, à proximité du village. Cela ne lui était pas arrivé depuis deux mois… Nous la regardons stupéfaits.

 

La générosité

De retour d’une randonnée Maurice fait étape à l’hôtel de la cordée à Saint Christophe en Oisans. Un hôtel que nous connaissons bien puisqu’il est le passage obligé pour prendre les clés du refuge. Cet hôtel est très typique car tout y est identique comme au temps de Gaspard le fameux conquérant de la Meije en 1878. L’intérieur est en bois du sol au plafond. Vieilles cartes postales, vieux présentoirs poussiéreux et tant d’autres choses…. Toujours est-il que notre Mimi connaît bien la « patronne ». Il prend plusieurs verres et consomme des tartes et des cacahouètes. Il a l’esprit de générosité. Elle lui fait la « pub » du livre de Bérulle un alpiniste bien connu du milieu montagnard. Il achète ce livre qu’il trouve cher pour ce que c’est ! dit il… Quand je le vois il me fait part de son achat et m’avoue qu’il ne sait pas quoi faire de se livre ? Je l’ai acheté pour faire plaisir à la patronne… si tu le veux, je te le prête. Moi je ne suis jamais chez moi et je n’ai pas le temps de lire ! Je lui dis Maurice tu es trop gentil !

 

4 juin 2020

Souvenirs de montagne-6 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-6

Roger et l’arête de la Suiffière

La bête du Mont Véroux

            Elle voulait faire voir le Moucherotte à son chat !

            Pélouche

            La thuile !

            La minette

            Rencontres fortuite avec les chasseurs 

             Premiers contacts

             Le pays des chasseurs

             Du gibier potentiel

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Roger et l’arête de la Suiffière

 

Il est 6h00 et je suis sur la route de Voreppe. J’avais décidé d’aller faire une marche au Grand Som en Chartreuse. Au niveau de la voiture rouge que tous les Grenoblois connaissent, je décide brusquement de tourner à droite pour prendre un raccourci nommé le chemin de Paluel. D’un coup je rattrape un vieux 4X4 qui roulait au pas et de surcroît un liquide coulait sur la route. Au bout d’un moment je décide de le doubler pourtant il y avait une ligne blanche et la route était étroite. Mais malgré cela je le dépasse. A peine arrivé à sa hauteur j’entends un grand bruit : je venais de l’accrocher au niveau du pare choc avant gauche. Nous nous arrêtons pour faire le constat d’usage. Après ce mauvais coup je m’arrête à Voreppe pour boire un café et prendre une décision pour la suite de cette journée. Finalement je décide de continuer mais en changeant de direction car j’avais trop perdu de temps. Je prends la direction de Cognin sur la route de Valence. J’envisage de faire les gorges du Nan. Arrivé sur place je me dis que finalement c’est dommage d’abandonner l’idée de faire le Grand Som par l’arête de la Suiffière. Je fais aussitôt demi-tour dans le village et « rebelote » je reprends la direction de Voreppe et de la Grande Chartreuse. Je laisse ma voiture au lieu dit du pont des Allemands. Il est environ 10 h quand je suis prêt pour le départ. C’était bien la peine de se lever à 5h30 !  

Il y a beaucoup de voitures et quelques minibus immatriculés de l’Hérault. Je suis certainement le dernier à partir à cette heure tardive, mais il fait grand beau et peu importe si je n’arrive pas au bout. Je passe devant le Couvent des Chartreux où il est toujours agréable d’entendre le son des matines et de voir les vaches dans le champ face au monastère. Ce paysage est bucolique et je ne me lasse jamais de cet endroit où je suis venu si souvent avec ma mère. Je prends la direction du col du Frénay, sentier qui m’emmènera au pied de cette arête. C’est une balade que j’ai déjà fait il y a très longtemps et dont je garde un bon souvenir. Il y a des points de vues magnifiques sur le couvent et tout le massif. Arrivé au dessus du col je suis interpellé par un groupe de jeunes qui m’offrent des biscuits. La convivialité est toujours de mise. Nous discutons quelques instants.  Ils sont de Montpellier et ils m’ont l’air bien fatigués, quoique partis une heure avant moi. Je les salue en pensant les retrouver au sommet. Ensuite je fais une traversée sous des falaises impressionnantes puis je franchis une petite brèche avant d’attaquer la fameuse arête. Certes il y a un balisage à peine visible mais la difficulté est la verticalité du lieu, souvent il faut s’aider des mains pour passer. Arrivé à mi-parcours je croise les premiers randonneurs qui descendent. Il semblerait que ce soit un groupe.  D’un coup j’entends crier, mon attention est attirée sur la droite car je vois tomber une personne, puis je perçois des hurlements plusieurs fois : « Roger accroche toi à une branche ! » mais le pauvre Roger continu inexorablement sa chute en faisant plusieurs culbutes tête en bas et pieds en haut avant de s’immobiliser. La dame qui criait, certainement sa femme, descend rapidement auprès de lui. Tout à coup il y a un grand silence. Les personnes du groupe sont restées figées. D’un coup l’un dit d’une façon agaçé : « qu’est ce qu’on fait ? Faut-il appeler les secours ? » Toujours pas de réponse mais personne ne bouge. Ils se regardent comme impatients de repartir et leurs visages de dire « qu’est ce qui lui est encore arrivé ? ». L'un d’eux marmonne que c’est la fatigue. Certains piaffent d’impatience continuent de descendre ! La chute de Roger avait l’air de les ennuyer au point de les retarder ! Puis l’ordre est donné d’appeler les secours.  Je m’approche du blessé, une personne assez âgée me semble t’il, qui à l’air d’avoir quelques contusions mais il ne peut pas se relever. Par la force des choses les autres font demi-tour et viennent auprès de lui pour le rassurer. Proposant mon aide ils m’ont fait signe que ce n’était pas vraiment utile. Sur ce je continue ma progression vers le sommet. Je suis moi aussi sonné par cette chute et quelque peu choqué par l’attitude du groupe. Arrivé à la croix du Grand Som je fais une pause. Après quelques minutes j’entends, puis je vois l’hélicoptère de la protection civile qui vient récupérer le blessé. Je n’ai pas revu les Montpelliérains, peut être ont ils arrêter la balade plus bas.

Ma descente se fait par le col de Bovinant et Notre dame de Casalibus célèbre car c’est le lieu historique de la construction de la première chartreuse. En passant devant la Grande Chartreuse le tour est bouclé.

Le lendemain la presse locale relatait l’accident. Il semblerait que notre pauvre Roger est eu une fracture de la jambe et quelques contusions. Vu son age il l’a échappé belle…

 

L’arête de la Suiffière au Grand Som - Chartreuse

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La bête du Mont Véroux

 

Au nord de Romans j’avais repéré un itinéraire de crêtes dans la montagne du mont Véroux. Je décide d’y aller par une belle journée de printemps. Mon périple commence par la visite de la chapelle St Roch datant du XI° siècle, restaurée par des passionnés du pays. Je traverse la cour d’une ferme. Là je vois une personne âgée qui visiblement avait envie de discuter. J’engage la conversation sur la pluie et le beau temps. Il me dit que sa mère très âgée ne viendra pas cette année car à 90 ans elle ne peut plus marcher. Il vient dans la journée puis rentre chez lui dans la vallée quelques kilomètres plus bas. Il m’avoue être chasseur et faire de bonnes bouffes entre eux. D’ailleurs quand il me parle de quelqu’un il précise tout de suite « celui là, c’est quelqu’un de bien : il est chasseur ! ». Chose que je ne partageais, mais je passais sous silence cette affirmation. Puis ce fut le tour d’un primeur de Voiron décédé, chasseur lui aussi et coureur de jupons comme il le disait, « ah il en a eu des femmes lui, toutes des clientes ! ». Il m’informe très fièrement qu’après sa mère il sera le dernier à être enterré dans le cimetière jouxtant la chapelle St Roch. Une trentaine de minutes plus tard je suis obligé de lui dire que j’allais continuer ma balade car à ce rythme là je ne pouvais pas arriver jusqu’au bout de cette randonnée. Je poursuis mon itinéraire à travers bois et prairies longeant cette crête de plusieurs kilomètres. A proximité d’un carrefour, j’aperçois au loin de la piste forestière croisée, un animal qui fuit au loin. Il ressemblait à un renard. Plusieurs centaines de mètres après je décide de m’arrêter pour prendre une petite collation car je n’avais pas pris de petit déjeuner.

D’un coup mon attention est attirée au loin. Beaucoup plus près que précédemment je vois un animal de couleur marron clair qui arrivait vers moi puis fit immédiatement demi-tour en m’apercevant. Je n’eu que le temps que de l’observer de dos : une queue longue par rapport au reste du corps. J’ai eu l’impression que c’était un félin… Je n’y crois pas, je pense toujours que cela doit être un renard. Pourtant il était bien plus grand et sa queue était bien différente. Je continue mon itinéraire mais ma pensée est restée dans cette image. Immédiatement je fais le rapprochement avec les informations 3 mois plus tôt : des habitants du Valgaudemard avaient aperçu un animal qu’ils n’avaient pas su identifier ce n’était pas un loup mais plutôt un félin. Que faisait-il là ? D’où venait-il ? D’après les informations régionales il y avait bien un puma qui se baladait dans le massif du Taillefer depuis plusieurs mois. Je me souviens que le préfet avait donné l’ordre à toute personne habilitée (garde forestier, …) de le tuer. Justement une de ces personnes le vit à proximité des habitations de Saint Barthélemy de Séchilienne. Il portait un fusil et avait une caméra. Il avait le choix entre le tuer ou le filmer. Au dire de cette personne le spectacle était tellement beau qu’il a préféré le filmer. C’est pour cela que j’ai pu l’observer à la télévision. Est-ce le même félin ? C’est bien possible. Pourtant entre le Taillefer et la Drôme des collines il y a plusieurs centaines de kilomètres.

J’arrive près d’un étang où je décide de manger les quelques victuailles que j’avais apportées.

Après une bonne sieste je refais le chemin en sens inverse. Et figurez-vous qu'au même endroit j’ai revu la bête s’enfuir dès mon arrivée. C’était certainement son territoire.

Lors des jours précédents j’ai suivi les actualités régionales comme à l’accoutumée et je n’ai plus jamais entendu parler de cet animal. Pourtant aujourd’hui je suis persuadé d’avoir côtoyer un puma car lors d’une visite au muséum des sciences naturelles de Lyon j’ai vu en exposition un puma qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui que j’avais observé.

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Elle voulait faire voir le Moucherotte à son chat !

Une amie avait fait l’acquisition d’un chat siamois. Un jour je lui propose de faire une petite balade de santé au Moucherotte. Lorsque j’arrive au rendez vous, je vois le chat dans la voiture. Je suis surpris et lui demande s’il va nous attendre ? Non, dit-elle il vient avec nous car je ne sors jamais sans mon chat ! Nous partons et il nous suit avec difficulté car il veut très certainement sentir de nouvelles odeurs qui ne vont pas dans notre direction. D’un coup nous le voyons grimper dans un arbre à toute vitesse. Nous le délogeons avec beaucoup de peine. Et il vient s’agripper au fils de sa maîtresse, en le griffant sérieusement sur les bras. Il s’en est fallu de peu, pour qui ne s’agrippe au visage ! Nous comprenons tout de suite cette réaction car un chien est là sans laisse et profite de la situation. Nous sommons son maître de le récupérer, ce qu’il ne fait pas. La tension est tellement vive que le fils ne peut tenir le chat, il le lâche et saute sur le propriétaire du chien en le griffant sur le bras puis se réfugie dans un arbre ! Une discussion musclée s’amorce : « Madame je suis médecin et si votre chat n’est pas vacciné, je dépose plainte ! » « Monsieur mon chat n’est pas vacciné mais c’est normal il est trop jeune et j’ai un délai pour le faire ! ».

Sur ces mauvaises paroles il prend note de l’adresse de madame en grognant et en marmottant : « qu’il ne m’arrive rien sinon vous allez voir ! ».

Nous n’avons plus jamais entendu parler de ce monsieur.

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Pélouche

J’avais une autre amie d’origine sud Américaine avec un accent à couper au couteau ! Elle aussi ne sortait jamais sans son chat… Pour une première balade nous nous donnons rendez vous sur un parking de supermarché. Je m’aperçois qu’il y a un chat dans la voiture. Nous partons marcher au dessus des cuves de Sassenage pour aller à la ferme Durand.

C’était un chat avec un magnifique poil angora nommé « Pélouche » avec l’accent ou « Peluche » en Français.

Tenu en laisse il nous suivait tant bien que mal… Puis par malveillance sa maîtresse lâche la laisse. Il part aussitôt et se il réfugie dans de la broussaille. Elle me dit : « Allez Gérard, vas le chercher ! ». J’essaye de le prendre mais il m’échappe plusieurs fois, finalement avec une bonne dose de patience je le mets en confiance et je réussis à l’attraper.

Après cette escapade, je la persuade de le mettre dans le sac à dos. Ce que nous faisons.

De retour nous passons chez moi pour prendre un verre. Le chat se promène dans l’appartement en reniflant de partout. D’un coup il monte sur le canapé et il se met à uriner généreusement… Je le pousse violemment pour l’arrêter. Et elle de me dire avec son accent : « je crois que s’il fait cela, c’est parce qu’il est bien chez toi ! »…

Je vous laisse imaginer le travail que j’ai eu pour enlever cette odeur tenace.

On ne m’y reprendra plus, laissons les chats à la maison…

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La thuile !

Le samedi après midi je me dirige vers Chambéry et en direction de Bassens.

Je trouve rapidement l’immeuble cossu ou habite Véro.

Je sonne, bonjour c’est moi Gérard…

Les discutions s’enchaînent les unes derrière les autres, enfin nous décidons de nous revoir le week-end prochain pour accomplir une randonnée.

Le dimanche arrive, je pars avec mes affaires pour une petite randonnée d’une demi-journée au mieux.

En arrivant elle prétexte une fatigue inopinée. Pourquoi pas… sauf que pour lui redonner le moral, dit elle, il faut que allions une petite heure au casino d’Annecy pour regarder les machines à sous, après nous iront visiter Annecy le vieux …

Nous rentrons dans ce temple du jeu, je la préviens qu’en aucun cas je ne jouerai car j’ai horreur de cela. Nous tournons dans les salles, elle joue, regarde les uns et les autres puis rejoue. Il se fait tard, je regarde le magnifique ciel bleu à l’extérieur. Je lui fais remarquer que nous sommes là depuis près de 2 heures et qu’il vaudrait mieux profiter du beau temps plutôt que d’être enfermé, mais rien n’y fait, la passion du jeu est plus forte que tout ! Après chacune de mes demandes elle me fait patienter en disant « encore un petit moment puis on y va… ».

Finalement je lui fixe un ultimatum après quoi je m’en vais ! Ce que je fais. Je pars seul et lorsque j’approche de la voiture je l’entends arriver en courant…

Le dimanche suivant, c’est décidé nous partons faire le tour du lac de la Thuile dans les contreforts des Bauges. Le temps n’est pas fameux, couvert puis pluie fine. Nous en faisons quand même le tour, agrémenté de la visite du charmant village tout proche. Elle trouve cela très long et ennuyeux car il n’y a personne. Tout à coup elle prétexte ne plus pouvoir supporter cette solitude, il faut que nous allions faire un tour en ville et pourquoi pas à Aix les Bains, je t’offre des crêpes dans un endroit que je connais bien, dit elle. Nous voilà parti… Nous mangeons effectivement dans une bonne crêperie malgré mon horreur pour ce genre de restauration car je sors toujours avec la faim au ventre… Bien sûr Aix est une ville de jeux et nous n’y coupons pas elle prétexte une baisse de moral pour aller au casino, juste pour voir … J’accepte pour lui faire plaisir. Comme la dernière fois elle perd… cela est invariable, c’est la soupe à la grimace pendant le retour. Je commence à comprendre qu’elle à le vice du jeu et que la montagne ne l’intéresse pas !

Je la dépose chez elle avant de rentrer sur Grenoble.

Nous nous revoyons le week-end suivant.

Suite à notre dernière balade, elle a pris froid et elle n’est pas allée travaillée de toute la semaine…

Elle m’avoue ne pas avoir le moral (une nouvelle fois !) et que ce matin elle est allée à Aix en bus au casino (et re-nouvelle fois !). Ma mère m’a envoyé de l’argent et j’en ai profité. Elle sait que je mange des pâtes tous les jours et elle m’aide un peu. Comme tu le sais je suis institutrice à Pontcharra et je suis dans un tel état que je demande ce que je peux apporter à ces pauvres enfants !

Je lui propose une ballade dans le

coin. Impossible de la décider à sortir, elle prétexte qu’il faut être dans un groupe pour faire cette activité car c’est déprimant !

Tu devrais essayer de faire démarrer la voiture que m’a laissée mon ex-compagnon. Nous allons sur le parking. Je ne me souviens plus de la marque mais c’est une voiture vétuste et en très mauvais état visuellement. Je lui dis qu’elle n’a pas fait une affaire de la garder. Après une heure d’infructueuses tentatives il et impossible de la faire démarrer. Ensuite c’est le tour de la cave : « la serrure est cassée, j’en ai acheté une autre, peux tu me la remplacer ? » J’accepte mais malheureusement je la mets à l’envers et il m’est impossible de revenir en arrière car la porte est percée… J’en ai ras le bol ! Il y a une lassitude des deux cotés. Nous faisons notre dernier repas en mangeant des pâtes pas cuites. Et miracle elle retrouve une cassette enregistrée d’un dénommé Jean Paul, un homosexuel qu’elle fréquentait dans la région Parisienne. Nous l’écoutons, cela lui permet de retrouver une certaine bonne humeur avec de bons souvenirs. Nous nous quittons sur cette note d’optimisme.

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La « Minette »

Il est 18 heures, avec Michaël nous courrons sur l’ancienne piste de ski de Saint Nizier qui nous emmène au sommet du Moucherotte. Visiblement il est en forme. Il est loin devant, rien ne l’arrête. Par moment je le rattrape car il s’assied en prétextant qu’il est fatigué ! Mais je ne le pense pas, c’est plutôt pour ne pas me vexer. En un peu moins d’une heure nous arrivons au sommet et nous contemplons Grenoble au soleil couchant. Ce panorama bucolique ouvre la discussion. Il me fait savoir qu’il vient de rencontrer une curiste, ou plutôt une « minette » dit-il… Je pensais qu’elle était très jeune, 30-40 ans, peut être moins ?  Je renouvelle ma question, alors ? « Cinquantaine » me répond il. Mais alors les autres ? « La dernière c’était 75 ! ».

Celle là elle marche et fait un peu d’escalade enfin disons plutôt de la « via ferrata ». Puis il me raconte :

« Il y a quelques jours je lui propose de faire une escalade facile (pour lui !) Dans le Taillefer. Nous partons du hameau du Poursollet. Nous passons à travers bois et hors sentier pour rejoindre le début d’une voie qui se termine sur les crêtes du petit Taillefer. Nous galérons, je m’aperçois qu’elle n’a aucune expérience et entre chaque mètre gravi il se passe un temps fou ! Parti du bas vers 10h nous arrivons en haut vers 16 heures. Dur, dur pour une initiation ! Après un long repos c’est la descente aux enfers ! Les rappels s’enchaînent les uns derrière les autres. Il en est de même pour les pauses forcées… Nous arrivons à la voiture vers minuit. Je fouille mon sac, impossible de trouver la clef… Après plusieurs minutes de recherche je me souviens avoir vider mon sac sur les crêtes pendant la pause et les clefs ont dû glisser et rester en haut !

Je lui fais part de cela ! J’essaye d’ouvrir la voiture, impossible ! Elle est bien verrouillée. Il faut que je trouve un tournevis. Je vais dans les habitations voisines. Dans une maison il reste encore une lumière allumée. Je frappe en insistant pendant plusieurs minutes. Un homme à moitié endormi m’ouvre. Il me prête un tournevis. Mais il est toujours impossible d’ouvrir cette maudite porte… Nous décidons d’aller voir ce Monsieur et nous lui demandons de nous héberger pour cette nuit. Il accepte. Le lendemain je pars seul au lever du soleil pour refaire l’escalade et trouver les clefs. A midi je suis de retour et nous pouvons rentrer chez nous ! Qu’elle aventure ! Depuis je ne l’ai plus revue, je ne comprends pas pourquoi elle ne veut plus faire de la randonnée avec moi ? »

 

 

Hameau du Poursollet - massif du Taillefer

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Rencontres fortuites avec des chasseurs

 

Premiers contacts

La période de chasse est particulièrement redoutée par les promeneurs du dimanche, ramasseurs de champignon et randonneurs en basse altitude. J’ai une opinion précise sur cela. Je pense qu’il y a de la place pour tous ! « L’espace nature » est suffisamment grand pour que tout le monde y cohabite.

Le jour de l’ouverture j’ai un malin plaisir à faire une randonnée en basse altitude.

En 2004 je me rends dans la Crau proche de la Camargue pour faire une petite virée en VTT. Devant la réserve de Peau de Meau il y a des voitures, celles de chasseurs très certainement ! Je suis un peu surpris car il est 16 heures. Je prends le chemin principal. Après 20mn je rencontre un groupe de 2 chasseurs et une chasseuse, tous trois biens portants avec un ventre « bedonnant». Ils m’interpellent en me disant : « Savez vous qu’aujourd’hui c’est le jour de l’ouverture, ne venez pas vous plaindre si vous recevez des balles … » Me précisant quand même qu’ils ne pouvaient pas m’interdire l’accès. Je leur dis que j’en prends l’entière responsabilité et je continue tranquillement ma route.

Je me souviens de l’ouverture de 2003 où parti très tôt d’Arles pour me rendre dans le petit Luberon. Il était 5 heures du matin. Dans le moindre village traversé, les bars et les boulangeries étaient ouverts ! Et que voir d’autres sinon des 4X4, voitures fourgonnettes, voitures particulières avec une « remorque à chiens » à l’arrière. Ce jour là je n’ai pas eu de rencontre directe avec les chasseurs car la combe de Vidauque est une réserve où l’on ne chasse pas !

 

Les crêtes du Petit Luberon

 

En 2002 je suis en Isère dans le Vercors Est. Je fais une marche pour aller au col de l’Arc. Il est 10 heures du matin, j’entends au loin des cris, puis m’approchant de plus près j’assiste à une « prise de bec » entre plusieurs chasseurs. Je suis obligé de passer à proximité car il n’y a pas d’autres échappatoires pour atteindre le pré du Four.  Sans me préoccuper des propos tenus je comprends très vite la source du problème : sur le capot des véhicules, il y avait de nombreuses bouteilles d’alcool vides et les restes du petit déjeuner ! Tout cela aidant à hausser la voix…

En 2001 je fais le circuit des crêtes en partant du col Châtain dans le bas Grésivaudan. En arrivant dans un pré nommé Champ Flou, je vois deux chasseurs très âgés assis dans une vieille 4L, les deux portières avant ouvertes, le fusil entre les mains et emmitouflés dans des vêtements chauds pourtant il ne faisait pas si froid que cela … Je m’avance pour leur dire bonjour, j’en profite pour leur demander si la chasse est bonne ?  Ils me répondent qu’ils espèrent chasser des lapins. Voyant ce « tableau burlesque » je leur dit en plaisantant : ho ! Mais vous avez oublié d’ouvrir le coffre pour qu'ils puissent monter… sur ces bonnes paroles nous avons tous ri et j’ai continué ma route.

En 1999 et 91 des moins drôles ! Avec des collègues randonneurs nous n’étions pas sûrs de notre parcours, en croisant des chasseurs nous leurs demandons des renseignements sur notre itinéraire. Ils se sont fait un malin plaisir à nous faire aller dans la mauvaise direction. Visiblement nous les gênions ! Cela ne m’arrivera plus jamais de demander mon chemin à un chasseur…

 

Forêt de Cèdres dans le Petit Luberon

 

Le pays des chasseur

Depuis de nombreuses années un collègue de travail nous parle de son « petit paradis» dans le Diois.

Après avoir parcouru de nombreux massifs ma curiosité me pousse à aller faire un tour un week-end d’automne en pleine période de chasse dans cette contrée.

Nous arrivons vers 20h dans le village. Il fait nuit nous cherchons le gîte. Ne trouvant pas d’indication, nous frappons dans une maison du vieux village. On nous ouvre : une jeune personne nous accueille, nous entrons, l’odeur de l’alcool nous surprend, nous voyons un vieux monsieur attablé avec un verre de pastis assis, accoudé sur une table ronde, les femmes ont l’air de s’activer à la cuisine. Il nous demande ce que nous cherchons ? Le gîte ? C’est sur l’avenue principale à coté de l’office du tourisme. Nous y allons, nous rencontrons une autre personne titubante qui interpelle JP : alors tu rentres de vacances ? Elles se sont bien passées ? JP stupéfait n’a pas de voix pour répondre… Apparemment ici l’alcool délit les langues ou fait perdre la mémoire !

Nous nous installons dans un gîte assez unique… Il n’y a qu’une pièce faisant office de cuisine, chambre, salle à manger, dortoir et un seul WC pour 15 places environs. Nous avons peur de tomber sur de « mauvais coucheurs » car dans ce genre de logement : le premier qui se lève réveille tout le monde et l'on s’endort quand le dernier se couche Par chance personne n’arrive ce soir là. A une heure aussi tardive nous avons commandé un panier repas à la logeuse. Généralement j’ai horreur de ce genre de repas car on mange toujours froid ! Et cela n’a pas loupé le repas est froid ! Demain nous irons au restaurant.

Le matin nous partons de bonne heure. Nous passons par la place du marcher pour récupérer la voiture. Les commerçants sont déjà installés quand une personne d’un certain âge en habit de chasseur trône au centre de cette place. Et chacun y va de son commentaire. Alors la chasse a été bonne ! Et la chasse nianiania…. En résumé il n’y avait que le mot magique « chasse » qui sortait des conversations ! Malheur à celui qui aurait insinué une critique à la chasse.

Nous prenons la voiture pour aller vers le départ de notre balade journalière qui se déroule sur un terrain de chasse très prisé. Cela promet d’être chaud...

Arrivés à Aucelon nous partons rapidement vers le point culminant du massif nommé la Servelle. Nous suivons une route forestière qui monte très régulièrement à travers la forêt puis les alpages où se trouve une ferme apparemment inoccupée. Ensuite nous suivons une série de crêtes qui nous emmènent au point culminant du massif puis nous faisons route vers le 2° sommet nommé « la Berche ». Nous en profitons pour faire une petite sieste bien méritée. Nous nous apercevons qu’il est tard, déjà 16 heures ! Nous écourtons la descente en passant par un autre vallon. Depuis le début de la journée nous n’avons pas vu « âme qui vive » mis à part quelques vaches ! Il est vrai que c’est lundi et les chasseurs sont peut être au travail… Mais il y a un problème urgent à régler : nous n’avons plus d’eau depuis midi. Nous espérons trouver un point d’eau près d’une ferme d’alpage. Nous y arrivons. Bien sûr elle est inoccupée en cette période. Nous continuons notre descente quand nous croisons un tuyau de captage d’eau. Nous le suivons dans un sens, mais la pente devient de plus en plus raide. Nous supposons qu’il va à la source. Nous sommes bien éloignés du chemin quand nous abandonnons pour le suivre dans l’autre sens. Il faut dire que nous sommes très assoiffés depuis plusieurs heures. Au bout d’une vingtaine de minutes nous n’arrivons toujours pas à l’autre extrémité. Nous abandonnons et restons avec notre soif…  Nous sommes pris par la nuit, en cette période il fait nuit noire vers 20h30. Nous sortons les frontales. Par manque de chance nous loupons un croisement. Nous nous posons des questions quand le sentier commence à monter au lieu de descendre ! Il faut dire qu’ici c’est un endroit très particulier car depuis le début de la journée nous n’avons pas vu une seule balise, ni panneau ! Tout le parcours se fait avec carte et boussole. Nous consultons la carte à la lumière. Nous faisons demi-tour en regardant scrupuleusement le moindre indice nous permettant de nous remettre dans le droit chemin. Je me souviens de ce que m’avait dit « le spécialiste du coin » : « attention ! Ici le territoire est vaste et l’on se perd facilement, dernièrement des personnes ont tourné plusieurs jours avant de trouver la sortie !» Finalement nous arrivons dans une petite clairière où j’aperçois un minuscule panneau manuscrit ! Indiquant le nom d’une ferme se trouvant sur la carte. Nous prenons cette direction. D’un seul coup la frontale de JP s’éteint… Nous essayons un dépannage d’urgence mais rien à faire… Pourvu que la mienne tienne le coup, il n’y a pas de pleine lune et notre retour s’arrêterait immédiatement ! Bonjour la nuit sous les étoiles ! Mais rien de cela. Nous arrivons à la voiture vers 22 heures en nous précipitant vers la fontaine du village !

Ce soir nous allons nous offrir un bon restaurant. Le village est petit et nous n’avons pas beaucoup le choix. Le premier que nous faisons ne fait pas de repas le lundi. Le second est ouvert et nous y rentrons rapidement car il se fait tard. Le patron nous accueille avec un accent Belge : « Attention je vous sers mais à partir de 23 heures ça va cogner, vous avez 30 minutes pour manger ! » Nous ne comprenons pas. Voyant notre tête il nous explique : « Tout les lundis soir j’organise une petite soirée en mettant la sono très fort. Ici il n’y a pas d’autre animation et j’essaye de distraire les jeunes ! Mais on me fait des histoires ! Vous savez il y a un escadron de gendarmerie à la sortie du village et certains soirs ils se pointent à 2 heures du matin pétante pour m’obliger à fermer ou me verbaliser… »

Nous mangeons des excellentes moules frites et saluons le courage de ce monsieur.

Le lendemain nous partons pour faire une randonnée dans le Beauchaîne au sud du col de la Croix Haute. Nous passons devant les ruines de l’ancienne chartreuse de Durbonnas avant de nous arrêter sur le parking, terminus de la route forestière. L’itinéraire du point culminant « le Durbonnas » semble évident sur la carte pourtant nous découvrons de nouveaux croisements sur le terrain, signe que des pistes forestières ont été tracées depuis. Après 1h30 d’effort nous arrivons dans la partie sommitale au dessus des bois. Le paysage est magnifique, avec JP nous nous disons que nous avons la chance d’être là. Il n’y a que quelques pins à crochets et cembros disséminés au milieu de l’alpage. Nous faisons une brève pause puis nous repartons. Je suis devant, nous entendons des aboiements, je cherche à repérer l’endroit d’où ils proviennent. D’un coup j’aperçois un berger allemand arrivant à toute vitesse sur moi… Je me mets à hurler de toute mon énergie « coucher, coucher, coucher…. » Et en faisant un geste avec mon bras droit de se calmer.  Il stoppe net puis revient à la charge en continuant à aboyer et à me menacer. JP est derrière moi figé par la peur. Il est toujours autant agressif mais reste à quelques dizaines de centimètres sans me mordre ou me sauter dessus. Après 6 ou 7 très longues minutes il a l’air de se calmer. Je pense faire demi-tour puis je me dis qu’abandonner pour un chien errant ce serait dommage. Nous sommes à quelques minutes du sommet ! Je tente un départ « négocié » par la gauche en quittant le sentier car visiblement poursuivre dans la même direction serait de la folie : c’est son territoire.  Effectivement il ne nous suit pas, nous regarde partir un long moment puis repart en sens inverse. Arrivés au sommet nous savourons ce moment après cette frayeur.

Sommet du Durbonnas – massif du Beauchêne

 

Du gibier potentiel !

J’ai téléphoné à JP quelques jours auparavant pour lui proposer un circuit dans le nord Isère entre Crémieux et Morestel, découvert dans le magasine « Terre sauvage » il y a quelque années.

Le temps est plutôt maussade. J’arrive dans le village de Courtenay vers 11h où nous avions rendez vous. JP me fait savoir qu’il viendrait de Crémieux en VTT, histoire de corser l’affaire, des fois que l’on n’en ferrait pas assez ! Je l’aperçois arriver dans une petite rue avec un sac à dos bien volumineux pour un « VTTiste », mais je comprend vite la raison. Il sort de son sac un lourd thermos pour m’offrir un café chaud que j’apprécie dans ce froid glacial de novembre.

Nous partons vers l’étang de la Salette. Des paysages variés se succèdent : étangs, villages typiques, bois et prairies qui caractérisent le paysage du Nord Isère. Vers 13h nous nous arrêtons sur une proéminence du Grand Marais caractérisée par une énorme pierre calcaire poli par les glaciers de l’ère quaternaire. Je propose à JP de faire une photo souvenir sur cette pierre après le repas. Nous mangeons allègrement en discutant. A ma grande surprise un véhicule 4x4 passe en contre bas, puis s’arrête à une centaine de mètres. Je me rends compte que la personne observe à la jumelle dans notre direction. Je me retourne vers l’amont, je ne vois rien d’anormal, ni gibier ni quoi que ce soit ! Je me rends compte de la réalité, c’est bien nous qu’il observe pendant quelques minutes. Puis il disparaît avec son véhicule non sans continuer la piste mais en prenant la prairie et disparaît derrière un taillis. Nous pensons ne plus le revoir et reprenons la conversation avec JP. Pourtant quelques instants plus tard, j’aperçois du coin de l’œil, une personne, fusil en main et nous fixant sans interruption. Je le regarde, cela a l’air de l’irriter et de le provoquer, je le vois sur son regard malgré la distance. Je fixe JP en écoutant sa conversation, il a le dos tourné à la scène et ne s’apercevoir de rien. Je fais semblant de ne plus le regarder, très certainement voyant que je me désintéresse totalement de lui, il s’en va. Je préviens JP de tout cela et nous suggérons de partir immédiatement. Tant pis pour la photo !

Il y a une rude montée que nous faisons péniblement puis d’un coup nous entendons un coup de feu dans notre direction, puis deux, puis trois, quatre et enfin cinq… Est-ce pour nous intimider ? Oui je le crois, il avait une haine dans son regard. Avec JP nous réfléchissons car rien ne laissait présager que nous étions en faute : pas de panneau d’interdiction en vu, nous étions sur un chemin balisé et de surcroît le vendredi est le jour de non chasse. Alors, pourquoi ? Aucune réponse à cela sinon la haine et l’incompréhension entre deux mondes différents de la chasse et du VTT. Pourtant l’un ne gène pas l’autre. Ou alors vu l’heure, un repas bien arrosé pouvait aider à faire ressortir la haine…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

24 mai 2020

Souvenirs de montagne-5 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-5 

IV Randonnées à pied : anecdotes diverses                                          

La plus Grenobloise des montagnes : le Néron

La Grande Sure                                

Dévoluy                              

        Le village de Pellafol                 

        L’Obiou

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IV Randonnées à pied : anecdotes diverses

La plus Grenobloise des montagnes : le  Néron

En arrivant par le nord, la vue est attirée inévitablement par cette crête caractéristique qui s’étire en diagonale. Lors de mon arrivée dans la région, je lisais régulièrement le journal municipal, celui ci avait consacré un article sur le Néron.

J’ai été rapidement intrigué par ce sommet à cause de la disparition d’un père et de son fils nouvellement arrivé dans la région. Ils sont partis en demi-journée faire une petite ballade sur le versant du col de Clémencières. Après quelques années et d’infructueuses recherches ils n’ont jamais été retrouvés…

Il y a eu aussi de nombreux accidents. Tout cela était bien mystérieux à mes yeux jusqu’au jour où Sylvestre un vieux randonneur de l’association l’a fait avec une personne expérimentée. Sa réaction à été sans appel : « il y a un vide effrayant, c’est la première fois de ma vie que j’ai eu aussi peur ! ».

Je m’y aventure pour la première fois en pleine après midi d’un mois de juillet après un repas copieux, me fixant une simple reconnaissance. La montée est rude sous une chaleur suffocante. Je passe par la passerelle Hyppolite Müller, sans laquelle il faudrait une corde pour franchir ce passage délicat. Je prends pied sur la large crête au « poste romain » et je file sans encombre pendant une bonne heure jusqu’au pied de la « rampe » et du croisement du couloir en Z. Il est tard, presque 17heures. Je décide de faire demi-tour. Cela m’a permis de réaliser un premier repère très positif car je me suis promis d’y retourner.

Arrivé au parking, j’interpelle un randonneur en train de ranger son matériel. Il me dit être un habitué des lieux et avoir fréquenté tous les itinéraires. Il me donne quelques conseils qui me seront utiles plus tard.

En juin 2005, j’arrive à convaincre un collègue de travail de gravir ce sommet.

Nous partons vers 7h du matin. Nous sommes trois. La montée au départ est sévère, ma forme est au maximum, je pars « bille en tête » jusqu’au « poste romain ». Cela m’a joué un mauvais tour. Après une petite pause nous repartons, je suis victime de nausées violentes, il m’est impossible de continuer ! Je laisse mes deux compagnons partir seuls car l’un avait été visiblement énervé du retard que je leur causais… Après une demi heure de pose, je continue de monter jusqu’au même endroit que la fois précédente. En ce lieu je rencontre deux randonneurs Lyonnais. Eux aussi, s’arrêtent là pour d’autres raisons. Nous discutons un bon moment puis nous nous séparons. A nouveau je ressens des douleurs violentes au niveau du thorax. Il m’est très difficile de descendre. Je suis obligé de faire des poses tous les quarts d’heure. Plusieurs années après, j’ai su que c’était les prémices d’une angine de poitrine.

Un événement exceptionnel se produit dans cette montagne le 28 juillet 2006, un orage déclenche un incendie à partir du versant sud-ouest. Il perdure 10 jours ! L’endroit est inaccessible, les canadairs étant mobilisés sur des incendies plus menaçants, n’ont pu venir qu’une seule fois. Plusieurs hélicoptères se relaient tous les jours pour déverser quelques misérables mètres cubes d’eau, vu l’ampleur du sinistre !

Trois versants ont subi les dommages du feu, seul le côté du col de Clémencières est intact.Suite à cette catastrophe, le Néron fût interdit à toute personne pour une durée indéterminée.

Les crêtes du Néron

Nouvelle tentative en 2007, cette fois je suis bien décidé à aller jusqu’au bout et d’en faire le tour. Nous partons à deux d’un pas déterminé. Arrivés au « poste romain » nous constatons les dégâts mais qui au fil de ses quelques années commençaient à s’estomper. Sans couvert végétal, une plantation luxuriante pousse, certes des arbres brûlés sont toujours là sans feuilles, mais délavés par la pluie.  Nous sommes au mois de mai, c’est une explosion de fleurs de tous les côtés.

Arrivé au niveau du couloir en Z, nous commençons l’escalade de la « rampe », plan incliné où les prises sont bonnes et bien visibles. Après c’est une suite continue d’arêtes sur 2 kilomètres jusqu’au sommet sud, ne présentant pas de grosses difficultés pour des randonneurs ayant un bon pied montagnard.

Suite à une pose nous poursuivons l’itinéraire en direction de la pointe nord.

Une difficulté s’annonce à nous : un passage aérien sur quelques mètres de cotation III qui peut se passer sans assurance, avec un minimum d’attention. Enfin c’est le sommet nord puis la descente par le couloir de Clémencières.

Plus bas nous rencontrons un randonneur solitaire et exténué, il nous demande des explications sur différentes variantes, ne comprenant pas tellement ce qu’il voulait nous demander,  nous le voyons sortir avec stupeur, de son sac à dos, un gros livre de randonnées en Chartreuse ! Combien aurait il mieux fait de le laisser chez lui et de photocopier quelques pages ! Plus bas j’aperçois un panneau : « zone dangereuse interdite à toute personne », nous sommes surpris car aucun danger potentiel n’était visible, peut être ont ils oublié d’enlever ce panneau ! Pour en avoir le cœur net, le lendemain je décide de téléphoner à la mairie de Saint Martin le Vinoux. D’entrée on me passe la  police municipale, une policière me signale qu’effectivement la montagne n’est toujours autorisée et qu’une forte amende est infligée à qui enfreindra cette interdiction !

 

La Grande Sure

J’adore parcourir les cartes pour trouver de nouveaux itinéraires. Beaucoup de mes soirées sont occupées à cela. Le voyage commence sur une carte et se poursuivra tôt ou tard sur le terrain. Ce week-end d’automne 2002 je décide d’aller parcourir un itinéraire en Chartreuse. Aller sur un sommet que j’ai fait plusieurs fois mais par un itinéraire complètement différent. C’était l’objectif de la journée. Départ du petit village des Grollets (467m) sur la route de St Laurent du Pont, avant le lever du jour. Je fais un détour par la magnifique cascade de la Pisserotte. Retour sur mes pas pour prendre un sentier à peine visible. La montée est rude et se fait à la frontale. Enfin je suis au portail de Chorolant. Une brèche où il faut utiliser les mains pour passer. Elle permet de déboucher dans une prairie d’altitude avec le soleil levant.  Quel bonheur ! La suite se poursuit par une longue traversée du versant Est dans l’ombre de la Grande Sûre, en passant par le chalet de Jusson. Ensuite l’itinéraire passe par une cheminée permettant d’arriver directement au sommet de la Grande Sure (1920m). Certes le pied montagnard est nécessaire dans cet endroit car à mi hauteur j’ai été impressionné par une flèche peinte sur un grand rocher désignant la suite du parcours. J’ai bien cherché la continuité du sentier à droite puis à gauche mais il n’y avait qu’une issue : tout droit ! C’est la partie la plus délicate de cette cheminée.  A la sortie je retrouve le soleil et une vue splendide sur le Voironnais. Je m’accorde une bonne demi-heure pour prendre un repas. Je ne m’attarde pas plus car de nombreux groupes de randonneurs arrivent et viennent troubler la quiétude tant recherchée. Je décide de partir sans tarder. Le circuit prévu fait une boucle, il passe par le versant Est en prenant le col de la Sûre puis descend rapidement vers le Cul de Lampe. Un lieu nommé ainsi car en forme de U. Là j’ai un doute sur un croisement pour rejoindre Saint Joseph de Rivière. Je vois devant moi un couple de randonneurs âgés et nous entrons en discussion. Je leur demande des informations sur la suite du parcours. Ils vont sur la chartreuse de Currière et m’indiquent le chemin à suivre. Nous parlons aussi d’autres sujets. C’est là le réel attrait humain de la randonnée où les gens se contactent facilement et bavardent de tout et de rien. Nous nous saluons en faisant un signe de la main. Je continue ma descente rive gauche du paisible ruisseau de Chorolong. Plus bas il passe dans une gorge étroite et se transforme en une cascade vrombissante. Le seul endroit délicat à franchir est un ancien pont sur lequel il ne reste que deux poutres poreuses avec le vide en dessous. Je traverse rapidement en mettant un pied devant l'autre prudemment. Ouf c’est passé !

Finalement j’arrive sans encombre à Saint Joseph de Rivière où je prends le temps de passer à une boulangerie. Ensuite je marche au bord de la route nationale pour retourner à la voiture. Et là bien sûr c’est le mauvais coté de la balade ! Soit environ quatre kilomètres à faire. Mais miracle une voiture s’arrête ! Et je reconnais « mes deux randonneurs » qui me font signe pour m’inviter à monter. Ce que je fais très volontiers car j’en suis à ma huitième heure de marche. Je tiens à signaler que mon record a été de 14 dans le Vercors… Nous discutons à nouveau et ensuite ils décident de faire un détour pour me ramener à la voiture. Je les remercie beaucoup de leur sympathie. Je serai toujours étonné de cette solidarité qui lie les rencontres là hauts. Cela je ne l’ai connu nulle part ailleurs.

 

La grande Sure au loin, vue des rochers de Chalves – Chartreuse

 

Le Dévoluy

Le village de Péllafol

Pellafol un petit village qui ne paye pas de mine, situé à l’écart de la départementale.  Pourtant dans le paysage il y a une curiosité sans précédent dans le Dévoluy, tenez vous bien : une ligne droite de 5 kilomètres avec des poteaux en bois, la même que celle dans le film « Paris Texas ». Pour moi elle est légendaire depuis la première fois où je suis allé dans ce massif. La commune est située dans une grande plaine agricole mais il manquait de l’eau. Alors entre 1876 et 1890 des ouvriers locaux mais aussi lointains ont taillé un canal en corniche dans la falaise entre la source de la Souloise et la plaine de Pellafol pour être utilisé seulement 10 années ! Le débit de la Souloise ayant diminué et ne pouvant plus alimenter régulièrement la plaine de Pellafol. Ce village a été aussi victime d’un drame international : celui du crash d’un avion Canadien dans la casse rouge, face nord-ouest de l’Obiou. Mais beaucoup plus heureux il a aussi son champion olympique en Bob.

Pour les randonneurs c’est un carrefour obligé permettant de prendre la route forestière du col des Faïsses accèdent au parking du départ de l’Obiou. Mais aussi pour rejoindre Mens par une route de traverse.

 

Route de Pellafol

 

 

 

Canal taillé dans la falaise - Gorges de la Souloise

 

 

 

L’Obiou

Je vais régulièrement à la bibliothèque de Fontaine, souvent je trouve des livres très intéressants qui sont le point de départ de nouvelles balades. Aujourd’hui j’ai emprunté un livre sur l’Obiou écrit par un passionné de ce sommet pour l’avoir fait 130 fois. Il connaît tous les itinéraires et les moindres recoins. Mon attention est particulièrement attirée par un parcours dont j’avais vaguement entendu parler sans savoir si réellement cela se faisait : celui qui passe par le refuge de Rochassac, l’arête Fluchaire jusqu’au Bonnet de l’Evêque, l'arête de Malpasset, et enfin la tête de l’Obiou. Pour le retour une variante en descendant par l’arête du Ratier. Et bien c’est exactement ce qui était décrit dans ce livre. Mon choix est fait, dès la belle saison je ferai ce parcours en solo. Je me renseigne autour de moi en consultant des gens qui pouvaient connaître cet itinéraire et me donner des informations, mais rien de tel. Aucune personne ne l’a fait.

Je choisi un samedi car c’est une "bavante", environ 1650m de dénivelée. Cela me permettra de récupérer le dimanche.

Je pars très tôt de Fontaine, vers 4h30 du matin. J’ai coutume de faire une halte à Vif au seul café ouvert face à la mairie. Le serveur m’a confié une fois qu’il n’était qu’un salarié mais très heureux d’ouvrir si tôt pour rendre service aux gens matinaux. Après un bon café je reprends la RN75 vers Tréminis. Arrivé sur le parking à proximité du village de Longueville je démarre vers 6h.  La montée jusqu’au refuge de Rochassac se fait sans encombre. Mais arrivé à quelques mètres du refuge deux chiens se mettent à aboyer violemment, je m’aperçois qu’il y a 4 randonneurs qui dorment à la belle étoile et mon passage qui n’a pu être discret les a réveillés précipitamment. En contournant une bergerie, je prends pied sur un sentier balcon qui m’emmène au pied de l’arête Fluchaire. A mi-parcours j’entends des pierres tomber à proximité, je les vois traverser le sentier. Je me protège en m’accroupissant et en mettant mon sac dessus ma tête en guise de protection. J’entrevois un groupe de chamois qui passent en hauteur et font dégringoler plusieurs dizaines de gros cailloux. Cela promet d’être chaud pour la suite !

J’attaque l’arête herbeuse de la Fluchaire. Elle se redresse de plus en plus. Fort heureusement il y a de petites terrasses herbeuses qui me facilitent l’ascension puis je butte contre une barre rocheuse. Là ça commence à se « corser »… Je débute par une escalade de niveau II environ avec un vide qui se creuse au fil des mètres parcourus. Il faut faire très attention car aucune roche ne tient, c’est un empilement de cailloux prêt à partir à chaque instant. Cela est une caractéristique de ce massif : le Dévoluy. Massif que j’ai connu tout d’abord au printemps avec mes premières randonnées en ski avec le « Renard Vagabond ». Aujourd’hui nous sommes fin août et seulement un névé minuscule persiste dans l’ombre au niveau de la brèche permettant de sortir à proximité du Bonnet de l’Evêque. Mais je n’en suis pas encore là. Je continue mon ascension avec prudence cherchant à chaque instant le meilleur passage possible. Je suis seul et en cas de problème je risque de rester là longtemps car je ne crois pas qu’il y est beaucoup d’amateurs qui passent par là… Finalement j’aborde ce névé que je voyais tout minuscule de la RN75. La brèche puis le Bonnet. Ouf ! Une première partie est gagnée. Il reste la suite : le Malpasset, un pas de III à franchir sans corde ni assurance.

 

 

 

Le Malpasset – massif du Dévoluy

 

Je commence une escalade délicate mais courte. Très heureux de l’avoir franchi seul. Je rejoins le sentier de l’itinéraire classique où je croise d’autres personnes. Le sommet est en vu, puis le cairn final. J’ai coutume de mettre une pierre anonyme pour authentifier mon passage. Il est midi, je me repose quelques instant, je consomme mon sandwich bien mérité, mais une idée me tracasse : redescendre par ce pas sans corde et puis j’ai vu de près l’arête du ratier : elle est très pentue… Après réflexion je décide de faire la boucle cela sera plus prudent. Mais qu’elle boucle ! Descendre par le sentier normal du versant NE puis basculer  en bas de la casse de l’Obiou soit 1760m de descente puis remontée de 950m jusqu’au col de l’Aiguille et redescente vers la voiture de 960m. Un pari complètement fou. Pourtant il n’est que 12h30 quand je repars. Malgré ces difficultés je préfère faire la grande boucle plutôt que d’affronter à nouveau le vide. Je dois dire que là je vais battre mon record de dénivelée. Une nouvelle fois j’arriverai à la voiture en pleine nuit ! Mais j’ai l’habitude.

Je commence ma descente par des dalles puis le sentier chemine sous un toit de roche calcaire très délité nommé localement la cravate. Avant d’arriver au col de l’Obiou il y a de nombreuses pierres au sol et par mégarde j’en fait tomber une plus bas sur le sentier. Je me précipite pour voir si elle n’avait pas atteint une personne. Fort heureusement aucun randonneur ne se trouvait là. J’aborde un cirque pierreux assez raide avec délicatesse car le moindre faux pas ne pardonnerait pas. Le danger vient aussi de dessus avec des pierres qui peuvent tomber. Enfin j’arrive au parking en même temps que d’autres randonneurs qui eux au moins ont leur voiture ! Je n’ose leur demander s’ils passent par Mens mais c’est peu probable car ce n’est pas la direction. Je chemine sur le chemin empierré mais carrossable. Je consulte ma carte à un croisement, j’hésite de le prendre pour quitter cette route car il y a des hautes herbes et je préfère prendre le suivant. C’est là qu’un événement inattendu se passe. J’entends ralentir une voiture et arrivée à mon niveau le conducteur me demande si je veux monter. Je lui demande s’il passe par Mens il me répond « oui bien sûr ». J’ai été très agréablement surpris. Nous engageons la conversation tout en roulant. Il est de Lyon et vient régulièrement dans le Trièves pour voir des amis. Il a l’habitude de faire l’Obiou par l’itinéraire normal mais ne connaît pas l’endroit par où je suis passé. Il m’a dit qu’il m’a vu arriver de loin et qu’il voulait savoir qu’elles étaient les difficultés. A Mens nous nous arrêtons prendre un pot que je lui offre bien volontiers. Nous discutons d’un livre que nous avons lu sur la philosophie et le bienfait de la marche. Lui aussi est un passionné de la randonnée. Il m’a raconté sa traversé du Vercors sud et de la Drôme en une quinzaine de jours avec des lamas. Il a fait une interview à la télévision pour cela et a même été pris en photo dans le journal local de la gendarmerie de Die ! Nous avons échangé les numéros de téléphone en promettent de se contacter pour une prochaine sortie. L’amitié se lie vite entre les randonneurs. Il me propose de me ramener à ma voiture. Je n’ai pas voulu abuser de sa bonté et il m’a laissé à quelques kilomètres. C’était largement suffisant, à coté de ce que j’aurais dû faire à pied !

 

 

 

L’Obiou versant nord – massif du Dévoluy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       

16 mai 2020

Souvenirs de montagne-4 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-4

La traversée de Belledonne avec Bernard                                                     

Les associations de montagne                             

Quelques personnes atypiques

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La traversée de Belledonne avec Bernard

Je dédie ce texte à Bernard B. sans qui nous n’aurions pas pu réaliser cette belle randonnée.

J’avais commencé la randonnée à la journée depuis peu de temps. Cela me plaisait beaucoup. Je pensais que passer plusieurs jours la haut serait un séjour exceptionnel. Dans mon service j’ai sympathisé avec Bernard un expert en la matière. En discutant nous avons eu l'idée de faire la traversée du massif de Chamrousse. Plus exactement de Roche Béranger jusqu'à Prabert. Soit un périple de trois jours. Je préviens Robert, mon voisin d’immeuble qui aussitôt est intéressé.

Nous avions choisi le week-end prolongé du 14 juillet qui correspondait cette année là, à un lundi. Nous nous retrouvons tous les trois à la gare routière de Grenoble où nous prenons le bus pour Chamrousse. Là nous descendons à Roche Béranger. Nous nous préparons à partir mais avant le départ, Bernard sort un minuscule appareil pour peser nos sacs : une vingtaine de kilo chacun. Pour des débutants comme moi et Robert c’était déjà pas mal !

Nous commençons à grimper à travers les alpages puis les pins à crochets en direction du magnifique lac Achard. Nous faisons une courte pose et nous remontons à travers un vallon dans lequel se trouvent de petits lacs minuscules et qui aboutit au col des 3 Fontaines, actuellement disparues ? Là je m’écroule, très certainement épuisé par la lourdeur du sac. La pose est nécessaire ainsi qu’une petite collation. Pourtant nous n’avions fait que 600m de dénivelée. Mais le manque d’entraînement se fait cruellement sentir. Ensuite nous repartons en direction du refuge de la Pra où notre première étape se termine. Nous apprécions beaucoup la soupe chaude, bien qu’étant en plein été !

Le lendemain une étape rude nous attend il faut passer par le glacier de  Freydane pour rejoindre le refuge Jean Collet. La nuit ne se passe pas trop mal, mis à part que nous nous endormons tard car il y a beaucoup de bruit jusqu'à minuit environ.

Nous partons vers 7 h du matin après avoir pris un bon petit déjeuner. Tout d’abord nous montons en direction des lacs du Doménon. Là nous avons la surprise de trouver de la neige et de voir le premier lac gelé. N’ayant pas l’habitude, cela me surprenait. Nous mettons les guêtres pour franchir ce passage. Ensuite nous arrivons au col de Freydane, accès du glacier. Là Bernard qui nous avait conseillé de prendre un piolet chacun nous demande les sortir. Il nous montre comment le prendre en main et surtout comment procéder en cas de chute. Je dois dire que ses explications étaient plus que nécessaires car je n’avais jamais vu cet instrument que dans des films… Nous basculons côté glacier et nous commençons une longue descente jusqu’en bas du lac Blanc. Au début c’était facile car le glacier est peu pentu mais au fur et à mesure que nous progressons les courbes de niveau se resserrent. Bernard faisait la trace devant, il semblait très à l’aise. Tout à coup je loupe une marche. Je commence à partir en glissade ou plutôt à dévisser comme on dit dans le jargon des alpinistes. J’essaye d’enrayer ma chute mais je vais de plus en plus vite et la pente devient forte, le lac si loin se rapproche quand je décide enfin de planter le piolet et alors miracle ma chute s’arrête ! Plus haut je m’aperçois que Robert lui aussi part en glissade et vient de s’arrêter grâce au piolet et aux explications efficaces de Bernard. Nous pouvons le remercier car il nous a certainement sauvé d’une bonne baignade dans le lac !

 

               Le lac Blanc avant le refuge Jean Collet

 Nous arrivons en milieu d’après midi au refuge Jean Collet où nous passons une mauvaise nuit à cause de plusieurs familles qui n’ont pas su contrôler l’enthousiasme de leurs jeunes enfants jusqu'à une heure tardive.

Le matin je fais une toilette rapide à un point d’eau proche du refuge avant de boucler le sac et de nous diriger vers le col de la mine de fer.

Après une heure de marche nous apercevons des nuages noirs venant du Vercors. Nous n’allons pas y échapper ! Cela va très vite. Quelques minutes après l’orage est sur nous. Bernard nous suggère de nous abriter sous un rocher et de déposer plus loin nos piolets. Ce que nous faisons. Il pleut intensément, les tonnerres grondent et raisonnent à grand fracas autour de nous. Vingt minutes plus tard une éclaircie apparaît et nous pouvons reprendre notre itinéraire. Au col nous faisons une pose tout en contemplant la descente : des névés jusqu’au lac de Crop, 400m plus bas. Avec Robert nous commençons à angoisser… Pourvu que l’on ne reproduise pas ce qu’il s’est passé au dessus du lac Blanc hier ? Au départ il y a une traversée avec une barre rocheuse en contre bas et dessous plusieurs centaines de mètres de vide.

Il y a de bonnes traces de pas et Bernard passe devant pour nous rassurer. Merci Bernard !

                                    

                      Robert & moi-même au lac blanc                                     Bernard & Robert contemplatifs…

Finalement nous arrivons au lac puis nous prenons pied sur la route qui rejoint le charmant village de Prabert. En longeant cette route nous rencontrons une personne affolée nous demandant si on n’avait pas trouvé par hasard son portefeuille ! Il nous explique que son véhicule a été fracturé et ses papiers disparus… Moralité quand vous partez en randonnée ne laissez jamais votre porte feuille dans la voiture. Cela n’encouragera pas les vols.

A Prabert nous allons boire le verre de l’heureux retour au café des randonneurs.

 

       Lac de Crop en descendant du col de la Mine de fer

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Les associations de montagne

Pour avoir fréquenté  des associations de montagne, que je ne nommerai pas, pendant des années où j’ai vécu de très belles heures de montagnard. D’une part par la formation que j’ai réussi à avoir, compensée en contre partie par l’organisation d’un nombre incalculable de randonnées collectives. D’autre part par la progression que je n’aurais jamais acquis seul. J’ai beaucoup apprécié  des personnes où nous avions une passion commune, le souvenir des sorties, les nombreuses soirées chez l’un ou l’autre après une sortie d’escalade nocturne ou un retour de randonnée, les fêtes organisées, les permanences en semaine où notre week-end commençait déjà ! Bien souvent la soirée se continuait par le pot pris au café dans le quartier voisin du local où nous discutions de tout et de rien.

Ces réunions nous permettaient de nous évader du quotidien.  D’une part parce que nous discutions de ce que nous allions faire le prochain week-end, d’autre part parce que l’on discutait avec chaque personne presque à tour de rôle de la sortie du dernier dimanche.Une des choses que j’appréciais le plus c’est que l’on ne parlait jamais de travail ou de problèmes familiaux ! Je crois que c’était « tabou » sans que cette règle soit définie. Nous étions dans un autre monde…Celui du montagnard citadin cloué au sol certes mais avec l’esprit dans les cimes…Plus rien ne comptait sinon notre passion.

Pourtant il y a un bémol. Nous avions l’impression d’être de « vrai amis » mais je me suis aperçu au fil du temps que cette amitié est restrictive. Si une personne ne venait plus dans le groupe sans réellement prévenir, aucune autre ne cherchait à la contacter. Moi-même quand j’ai décidé de quitter certaines associations je n’ai rien dit à personne. Personne ne m’a téléphoné pour savoir… comment peut-on qualifier cette amitié ? La réponse me parait simple : le fil conducteur est la montagne en premier et après l’amitié. Si quelqu’un s’en va il ne fait plus partie du groupe. On ne se préoccupe pas de lui. C’est un état de fait auquel que j’ai eu du mal à comprendre. Par la suite il m’est arrivé d’en croiser certains. J’ai été le seul à faire la démarche pour les saluer. Pas grand-chose en retour. Le fil était coupé. Mais quand on est dans le groupe les autres ont de l’estime pour vous sinon ils vous ignorent.

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Quelques personnes atypiques

L’adhésion à ces associations m’a permis de connaître beaucoup de gens intéressants et d’autres beaucoup moins. J’ai beaucoup apprécié une personne se nommant Robert. J’ai su après plusieurs années que c’était son nom de famille et pas son prénom comme il le faisait entendre. Lorsque j’ai téléphoné chez lui une femme à la voix « commandant tour » m’a répondu « Robert, lequel voulez vous ? » J’ai compris que c’était sa femme et surtout pourquoi il n’était pas souvent chez lui !

Il disait que pour relancer l’association il fallait du « sang neuf » et que j’étais celui là.

Avec le Président ils m’ont aidé à être responsable de course et à m’envoyer en formation. Bien sûr il y avait «Gillou» qui me formait sur le terrain en ski de randonnée. Il en est de même pour l’initiateur en montagne un certain François qui a été un grand formateur. A ce jour il est devenu photographe de montagne et a édité plusieurs livres sur l’Oisans dont il est passionné.

Puis les moins intéressants :

Celui qui obtient la palme d’or c’est le fameux Antony ! Lui il savait tout ! Qui avait tenté l’Everest à perte. Etant un vague contrôleur de la sécu, il harcelait les sociétés pour financer son voyage. Il ne faisait pas bon être contrôlé par ce personnage… Humiliant avec certains membres du club. Tellement fort que l’on se demandait ce qu’il faisait avec nous ! Jean Pascal un membre du club disait : « Antony dès qu’il se lève le matin il se regarde dans la glace de sa salle de bain et se dit : je suis le plus fort et le plus beau ». Voilà bien ce qui définit ce personnage. Pourtant une fois j’en ai eu assez. Au cours d’une randonnée pédestre il m’a violemment critiqué et voulait m’obliger à faire un sommet pour lequel certaines personnes du groupe n’avaient pas le niveau pour le faire … Je n’ai pas cédé. Alors j’ai organisé une réunion et je dénonçais ses façons de faire. Cela a été un coup dur pour lui qui était très fier de sa personne. Quelques semaines plus tard il est parti et nous n’avons plus jamais entendu parler de cet individu.

Ensuite il y avait « les Pichon » dans une certaine association. J’ai été confronté à eux lors des réunions de bureau. Désireux de venir aux réunions pour faire avancer des idées nouvelles au club qu’elle ne fut pas ma déception de voir ce couple me critiquer et jalouser en m’accusant de profiter de l’argent du club pour me former. Mais ils semblaient oublier que j’ai organisé un nombre incalculable de randonnées en contre partie !

Il faisait parties de la « vieille garde » qui n’acceptait les jeunes.

Les bizarres et hors normes :

Il y avait Marcel dit « le plus balès ». Oui c’est le surnom qu’on lui avait donné. Un personnage hors du commun, un grand sportif ce Marcel. Passionné d’alpinisme, de cascades de glace, d’escalade et de ski de randonnée. Célibataire dans l’âme. Un personnage solitaire et contemplatif. Jugez vous-même : il m’est arrivé de le voir rester une heure sans bouger en dehors du refuge en pleine bourrasque ou de rester sur une piste jusqu'à la tombée de la nuit alors que nous l’attendions au centre UCPA  et nous nous apprêtions à appeler les secours. Il était 20 heures…Il vient d’Uriage en vélo pour assister à la permanence le soir, vêtu d’un tee-shirt et des chaussures de ski de fond ! Cela fait de l’effet quand on sait que c’est l’hiver !

Une autre fois en novembre Marcel n’a rien trouvé de mieux que de traverser le lac Laffrey à la nage ! La gendarmerie le voyant, a immédiatement mis un bateau à l’eau pour lui demander ce qu’il faisait là et s’il voulait continuer ?

Mais à mon avis la meilleure est celle-ci : Un hiver nous étions partis faire du ski de randonnée en Maurienne. Notre gîte d’une nuit était le fort Marie Christine. Parti à la hâte au petit matin, Marcel avait oublié ses vêtements dans la chambre. Le soir venu nous avons fait un détour pour les récupérer. Qu’elle fut notre surprise quand la gérante nous a dit avoir jeté ces habits car elle croyait que c’était des chiffons !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 mai 2020

Souvenirs de montagne-3 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-3

III  Les compagnons de route

Les voisins, amis et famille montagnards                 

                        Une nuit au refuge de la Jasse

                        Le Taillefer      

                        Hommage à René

        .                La boisson salutaire

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III  Les compagnons de route

Dans mes débuts j’ai pratiqué la montagne en solitaire. Je me suis aperçu que beaucoup de gens dans mon entourage ne la connaissaient pas, alors qu’ils étaient nés ici !  Comment pouvaient-ils ne pas connaître le Moucherotte, la croix de Belledonne, Chamechaude pour ne citer que les plus connus et tant d’autres endroits…

Etant très enthousiaste de cette découverte j’ai entraîné dans cette aventure plusieurs voisins, devenus des amis par la suite. L’adhésion dans des associations a été aussi bénéfique pour cheminer avec des gens de toute catégorie sociale. Parmi les sorties sélectionnées j’ai choisi celles faites avec des personnages atypiques ainsi que celles où il s’était passé une péripétie ou un fait d’inhabituel. Le tout raconté de la façon humoristique si cela était le cas. Les prénoms des personnes ayant été changés pour garder l’anonymat.

 

 

                                              

Randonneurs arrivant au sommet du Grand Arc en Maurienne

 

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Les voisins, amis et familles montagnards

 

Une nuit au refuge de la Jasse

 

Dès mon arrivée à Grenoble je m’installe avec ma famille dans un logement rue Ampère. Ne connaissant personne nous cherchons à nous faire des amis. Dans cet immeuble nous avons sympathisé avec deux autres familles de la montée. Tout d’abord j’ai connu Robert avec qui nous avons fait de superbes apéritifs et de grandes discussions. Je le « connectais »sur mes projets de randonnées après avoir brillamment réussi le Moucherotte.

J’envisageais depuis quelques mois de faire la traversée des hauts plateaux du Vercors, mais personne avec qui partir. Dans la théorie le départ se fait de Corrençon en Vercors et l’arrivée au col du Rousset où nous devons laisser un véhicule pour le retour.

J’en parle à Robert, bien sûr il est d’accord.

Nous sommes très « gourmands » : nous décidons de faire l’aller/retour en deux jours sans laisser une voiture à l’arrivée. Pourquoi s’embêter la vie d’autant plus que Robert n’a pas de voiture !

Nous partons un samedi matin vers 8 heures de Corrençon sur le fameux GR91. Nous passons au champ de la Bataille et nous nous dirigeons vers la cabane de Carrette. Là nous faisons une pause. Visite de la cabane bien entretenue mais vétuste. Une citerne en pierre de taille se trouve accolée sur le mur nord pour recueillir les eaux de pluie. Il fait beau et nous continuons vers la très belle prairie de Darbounouse. Elle est bienvenue car jusqu’à présent nous cheminons dans les bois et l’arrivée à cet endroit très lumineux nous enchante. Il y a une bergerie et un puits. Nous faisons une halte près du puits. A notre surprise nous lisons sur un panneau d’avertissement qu’il est interdit de prendre de l’eau. Plus tard nous avons appris qu’un randonneur de passage avait laissé tomber un savon à l’intérieur et l’eau était polluée. Nous comprenons la réticence que peuvent avoir les alpagistes envers les randonneurs après de telle catastrophe. Nous continuons vers le Pot du Play, un endroit dégagé de végétation où se trouvait il y a quelques années un refuge brûlé par une malveillance d’un randonneur paraît il ? Il faut dire que beaucoup de refuges des hauts plateaux étaient en bois avec une forme caractéristique hexagonale. Seulement l’inconvénient c’est que les tuyaux des poêles n’étaient pas ramonés régulièrement et prenaient feux facilement. A ce jour il ne reste qu’un seul de ce type au pas de l’aiguille, celui des Chamailloux.

 Ensuite nous entrons dans le vallon des Erges. C’est un endroit très caractéristique car le GR chemine dans une sorte de canyon pendant deux kilomètres environ, la roche est très découpée et forme ce que l’on nomme les lapiaz.  La sortie se fait par Tiolache d’en haut une ancienne bergerie en ruine qui marque le pastoralisme à une certaine époque. Nous poursuivons jusqu’au refuge de la Jasse du Play qui met un terme à notre première étape. Nous sommes très heureux d’arriver et de constater qu’il est en bon état. Le calme règne. En haut il y a un étage avec un plancher en bois où nous posons nos sacs. J’hésite à sortir mon duvet et à m’installer, me disant que j’avais encore le temps. Nous profitons des derniers rayons de soleil avant que celui-ci ne disparaisse. Nous contemplons le maître des lieux : le Grand Veymont (2341m) éclairé par le soleil couchant. Aucune autre personne n’arrive. Nous allons pouvoir nous étaler et profiter de la tranquillité du lieu. La nuit tombe nous faisons du feu dans la cheminée et en même temps nous commençons notre repas. Nous alimentons régulièrement le feu.

Mais curieusement mon attention est attirée par des bruits au dessus de nous sans que cela m’inquiète pour autant.

Nous laissons mourir le feu et restons dans la pénombre. C’est là que j’entends du bruit à l’endroit où nous étions puis je vois un rat rentrer précipitamment dans un trou du mur près de la porte. Puis un autre au fond de la pièce. Tout d’un coup je fais le rapprochement avec les bruits du dessus où l’obscurité était arrivée plus tôt. Je me précipite pour aller récupérer mon sac. Effectivement à temps ! Un rat était en train de tirer un vêtement à l’extérieur…

Ils commençaient à sortir de tous les cotés à tel point que nous mettons les sacs sur la table. Avec robert nous décidons de rallumer le feu car la lumière semble les éloigner. Il est minuit nous ne dormons toujours pas. Le bois commence à manquer le feu s’éteint. Ils courent de tous les cotés.  Et particulièrement sur le plancher dans ce qui aurait dû être la chambre ! Nous décidons de suspendre les sacs à des clous qui se trouvent au plafond. Mais, comment allons-nous faire pour dormir. Notre repos salutaire n’allait il pas se transformer en enfer… Nous avons une idée : je vais m’allonger sur la table et Robert fera la chasse pendant que je vais essayer de dormir ou disons sommeiller et inversement au bout d’une heure. Et bien non ce fût impossible … ils montent même sur la table et même avec un bâton nous n’arrivons pas à les chasser. Il faut trouver du bois coûte que coûte ! L’instinct de survie nous fait immédiatement penser à chercher du bois en pleine nuit… Nous ravivons le feu, les rats rentrent dans leurs trous mais ressortent aussi tôt dès que la lumière salutaire s’éteint. En regardant les lattes décoratives contre le mur nous comprenons tout de suite pourquoi il y a un  nombre aussi important de rats ici, en effet certains randonneurs mal intentionnés ont laissé des sacs poubelles remplis d’ordures ! Nous décidons de prendre nos affaires et de dormir dehors à la belle étoile. Laissons le refuge aux rats et le ciel étoilé aux pauvres randonneurs.Voilà comment nous avons été expulsés par une horde sauvage de rats à la Jasse du Play !

Après une nuit blanche et pleine d’émotion, dégoûtés nous prenons le chemin du retour au lieu de poursuivre vers le col du Rousset. Nous reprenons le GR91 sans mot dire. A la cabane de Carrette nous faisons une halte. Là nous rencontrons un groupe de randonneurs fraîchement débarqués à Corrençon ce matin avec un accompagnateur. Nous entrons en discussion avec certains et nous racontons notre mésaventure.  Je me souviens d’une jeune femme affolée à l’idée de voir des rats dans le refuge où bien sûr ils devaient faire étape… L’accompagnateur nous regarde de travers et minimise les faits mais comme une certaine forme de vengeance nous insistons et partons en souriant vers notre voiture.

Heureux d’arriver et de penser retrouver un bon lit ce soir… Mais pour nous réconforter il est midi et nous décidons de nous offrir un repas au restaurant à Corrençon histoire d’effacer le mauvais souvenir…

 

                             Refuge de la Jasse dans la réserve naturelle des hauts plateaux – Massif du Vercors

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Le Taillefer

Dans cette montée j’ai aussi sympathisé avec Christian jardinier de profession et une forme physique étonnante. Jugez vous-même : n’ayant pas de voiture il part de chez lui rue Ampère pour faire le Moucherotte dans la journée ! Pour notre première ensemble, nous avons décidé de gravir le Taillefer. Nous partons de Grenoble un samedi matin en direction de l’Alpe du Grand Serre plus anciennement connue sous le nom de La Morte car parait il, il n’y avait pas âme qui vive dans ce lieu tellement l’endroit était toujours dans le brouillard ! Là nous allons aux chalets du Poursollet terminus de la route mais départ de la balade. Le Poursollet est un charmant petit village au bord d’un lac de montagne, occupé seulement l’été. Nous sortons de la voiture pour nous chausser. Quand je suis prêt je m’aperçois que Christian n’a pas changé ses chaussures de ville et il me semble prêt à partir avec son vieux sac à dos de l’armée. Je lui demande pourquoi il ne met pas ses chaussures de marche et il me répond tout simplement qu’il n’en a pas et que cela ne le dérange pas du tout !

Nous partons en traversant une belle prairie puis c’est la montée vers le lac Fourchu. Là nous faisons une pause. Puis les choses sérieuses commencent. Le sentier se poursuit dans des pierriers difficiles, je peine et je vois Christian évoluer sans aucune difficulté malgré ses chaussures « légères », ensuite nous passons dans un névé puis c’est le col des Vans et enfin le sommet. Là nous faisons une bonne sieste avant de redescendre.

Pour évoluer en montagne il ne suffit pas d’avoir un matériel très sophistiqué mais tout simplement la volonté !

 

 

 

                                                    

                                                     Le lac Puney avant le village du Poursollet - Massif du Taillefer

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Hommage à René

Par une belle matinée de printemps je décide à la hâte de partir faire une petite balade. Ne voulant pas aller trop loin je choisis une boucle partant de Saint Quentin sur Isère passant par le col de Montaud et culminant à la Roche du Midi. Soit 900 m de dénivelée et environ une vingtaine de kilomètres. Tout cela devra bien occuper la journée.

 Le sentier raccourcit les interminables lacets de la route qui rejoint Montaud. Là je passe à proximité de la maison familiale de mon ancien voisin et ami René.

René avec qui j’avais fait mes premières descentes en ski à Saint Nizier et à Chamrousse. Fort de ces sorties, Il avait même acheté une paire de skis neufs, qu’il n’a d’ailleurs jamais utilisé faute de temps et parce qu’il s’était lancé dans la randonnée cyclotourisme. Lui aussi était devenu sportif mais malheureusement rattrapé par une terrible maladie. Sa disparition ne date que de quelques mois. Je regarde avec tristesse son ancienne demeure.

Je poursuis ma route en passant près de la scierie où il avait un terrain dont il me parlait souvent. Arrivé au hameau nommé Le Coing, la route est barrée à la circulation automobile. Un pan de montagne s’est écroulé avant le tunnel du Mortier il y a quelques années. Je continue en traversant bois et prairies très agréables à cette période de l’année car il y a une éclosion de bourgeons sur les arbres et les fleurs tapissent le bord du sentier. Arrivé au col de Montaud je fais un détour pour voir ce fameux éboulement. La route n’étant plus entretenue, une multitude de cailloux se retrouvent sur le bitume. Certains sont énormes : presque de la taille d’une voiture ! Enfin j’arrive à un endroit où elle a totalement disparue. C’est à peine croyable : il n’y a vraiment plus rien ! Pas la moindre trace d’une route. Une pente abrupte sur plusieurs centaines de mètres, plus bas un immense pierrier, linceul de celle ci. D’un coup je vois arriver un cycliste poussant son vélo. Je me demande ce qu’il fait là ? Puis il le porte et commence à traverser cette pente. En l’observant, je m’aperçois qu’il y une trace de passage. Il titube puis glisse et se récupère à temps. C’est certainement un habitué du lieu, faisant une boucle par le tunnel et Autrans. Car cette route permettait de rejoindre la station sans passer par Grenoble. Je reviens sur mes pas pour grimper dans la forêt nommée Face Belle qui me conduit à la Roche du Midi. J’arrive au bord des falaises, je contemple la verdoyante vallée de l’Isère, les collines des Chambarans où j’ai fait de nombreuses balades. Je m’aperçois que l’autoroute s’intègre bien dans le paysage contrairement à ce que l’on pourrait penser.  L’Area a fait un beau travail. Je consulte ma carte, je constate que le petit sommet de 1174 mètres sans nom, se trouve à l’intérieur de la forêt à une centaine de mètres de ces falaises. J’ai du mal à le situer car il n’est pas balisé. Là me vient une idée : faire un cairn avec des pierres pour le repérer. Je me mets au travail. Quand celui-ci fait un mètre environ je recherche un bout de bois pour le fixer au sommet du cairn. Je décide de le baptiser très symboliquement dans mon esprit « le mont René » en son souvenir, car ce plateau de Montaud lui était cher parce que habité depuis plusieurs générations par sa famille.

 

Ferme de Faissole au dessus du col de Montaud

 

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La boisson salutaire

Voulant faire partager ma passion montagnarde à ma famille, je proposais à mon père en séjour au Sappey en Chartreuse de l’emmener faire le Grand Galbert sur le plateau du Taillefer. Je pensais que c’était une balade relativement facile. Mon père est aussi un grand sportif mais il partage surtout la passion du vélo et la musculation. Nous nous dirigeons un dimanche matin en direction de Bourg d’Oisans puis vers le petit village d’Oulles et le Pouillard à 1500 mètres d’altitude environ. Nous partons par très beau temps et la bonne humeur est de mise. Nous commençons à monter le col de la Buffe. Je ferme la marche. Après, la montée se fait rude. Je le vois peiner puis tituber et s’asseoir à même le sol. J’arrive précipitamment. Il a du mal à parler et me dit qu’il a des nausées et se sent très fatigué. Je lui donne une boisson chaude mais rien n’y fait. Tout à coup je le vois sortir une gourde de cycliste de son sac et il boit une forte gorgée puis une autre. Quelques instants plus tard se sentant nettement mieux il se lève et repart comme si rien n’était… Je l’interpelle pour lui demander ce qu’il a bu, il me dit « du vin !  Moi l’eau ce n’est pas mon fort ! » Effectivement il est reparti à un rythme soutenu jusqu’au refuge du Taillefer où nous faisons une halte. Le gardien est à l’extérieur regardant des randonneurs gravissant la Pyramide encore très enneigée pour un mois de juillet. Nous poursuivons jusqu’au lac Fourchu préférant laisser l’itinéraire du Grand Galbert pour une autre fois. Là nous prenons le repas et nous nous reposons quelques heures avant de reprendre le chemin du retour.

 

 

Lac Fourchu et le Grand Galbert au fond - Massif du Taillefer

 

 

10 mai 2020

souvenirs de montagnes-2 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

SOMMAIRE-2

Quand ai-je découvert « l’appel » du sentier ?                         

L’idée fait son chemin                                     

Les débuts

 

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Quand ai-je découvert « l’appel » du sentier ?

Oui je me souviens très bien c’était dans les Alpes du Sud à la Foux D’Allos en 1979 où avec ma famille nous étions en vacances. Dans un petit village nommé Colmars-les-Alpes il y avait sur la place principale un grand panneau en bois sur lequel était dessiné un plan des randonnées bien au-delà du village. Il y avait des lacs à découvrir. Ce qui m’avait marqué c’est qu’un lac se trouvait à 4 heures de marche ! Pour moi c’était le bout du monde ! Cela doit être extraordinaire de marcher 4 heures pour le découvrir. Peu téméraires finalement nous avons choisi une destination plus raisonnable pour une première : les gorges de Saint Pierre prévues en 1 heure et demie. J’ai été très impressionné par les parois de pierres délitées, le torrent tantôt près, tantôt éloigné ou profond, les marmites et les cascades. Notre balade a pris fin à la sortie des gorges au niveau d’un pont en bois rustique traversant le Saint Pierre. Mais mon imagination continua ce sentier… C’est à cet endroit que je me suis dit que tôt ou tard je reviendrai pour le poursuivre, cela a été un coup de foudre. Marcher, découvrir des paysages loin des routes, respirer à plein poumon, vivre des moments intenses. Voilà ce que me révéla cette randonnée.

 

                           

      

         Sentier des gorges de St Pierre                                 Le « fameux pont en bois »

 

Par la suite nous avons croisé deux jeunes femmes, presque épuisées car elles avaient pratiquement terminé une grande traversée en deux jours. Leur enthousiasme s’est communiqué en moi immédiatement. Nous avons entamé une petite discussion sur leur parcours et là je me suis dit qu’elles avaient fait quelque chose d’intéressant et il fallait que je fasse pareil. Un déclic s’était produit à ce moment là.

 

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L’idée fait son chemin

Certes de nombreuses années se sont écoulées pour mettre ce projet en exécution.

A cette époque là j’étais dans le plat pays Marseillais. Ville que je fuyais le plus possible. Nous y restions du lundi au vendredi soir pour le travail puis c’était la FUITE vers Arles dans la maison des parents où nous retrouvions un havre de paix. Voulant fuir cette ville à tout prix nous recherchons un endroit porteur d’emploi dans ma branche. Nîmes était l’endroit idéal à cette époque. Que n’aurais je pas fais pour y retourner ! Mais en vain car le travail était misérable ou disons plutôt les employeurs.

Un jour une personne proche de notre famille nous fait savoir que dans la région Grenobloise il y avait du travail en informatique et en électronique. Nous avons pris la chose au sérieux.

Suite à un courrier j’ai eu une convocation chez Thomson à Saint Egrève. Mais je ne me faisais pas beaucoup d’illusion. Seulement sans le savoir au départ, cette journée a été bénie pour moi. Il y a des jours comme cela. Je suis allé à l’agence pour l’emploi plutôt par curiosité que dans l’espoir de trouver un poste. Bien sûr il n’y avait rien d’intéressant mais j’ai fait la connaissance d’un prospecteur placeur qui m’a assuré m’envoyer des offres chez moi.  Je n’osais pas trop y croire. Et pourtant quelques semaines après il me téléphona pour me proposer plusieurs postes. Alors je commençais à y croire. Un emploi dans une entreprise informatique m’a permis de m’installer dans cette région Dauphinoise.

 

Les débuts

De ma fenêtre rue Ampère je voyais un sommet sur lequel se trouvait un bâtiment. J’ai appris par un voisin que c’était le fameux Moucherotte. Un hôtel nommé « l’Hermitage », construit dans les années 1960, en ruine à cette époque. Accessible par des télécabines elles aussi vouées à l’abandon. Tout cela attira curieusement mon attention. Cet endroit me fascinait par son histoire, son passé, il me semblait inaccessible pour moi le néophyte, le Marseillais, l’homme du plat pays.

Un dimanche je décidais d’y aller. Me voilà parti pour Saint Nizier. Sac à dos, topo, carte, chaussures neuves. J’ai commencé la balade derrière le tremplin olympique. Au bout d’une heure sans entraînement, la montée devient rude ! Je suis obligé de m’arrêter, épuisé, à bout de souffle et victime de nausées. Après une bonne demi-heure je réussis à récupérer et je décide de redescendre.

Le dimanche suivant je réitère par un autre itinéraire : celui du versant Est. Je trouvais que celui de Saint Nizier était trop épuisant. Je laisse ma voiture en bas du tremplin. Me voilà parti sur le sentier du «balcon Est», nommé aussi du «périmètre» qui relie la station au Mont Aiguille. Je le quitte au niveau du bois du Poussebou pour prendre la direction de la grotte Vallier. L’endroit commence à être boueux. Je quitte cette zone pour traverser rapidement un couloir d’avalanche à proximité de la grotte Vallier. Un peu plus loin qu’elle fut ma surprise de buter contre une paroi rocheuse et de voir un câble en acier pendant dans le vide et une flèche indiquant la progression tout droit… Je me dis : «cela c’est de l’alpinisme» et je fais une nouvelle fois demi-tour, très déçu de ne pas avoir atteint ce mont inaccessible…

Le troisième dimanche je décide de reprendre le premier itinéraire. Je ne me laisse pas d’autre issue que la réussite !

Je refais le même parcours avec moins de difficultés puis j’aperçois l’hôtel qui est encore loin mais à ma portée. Enfin après trois bonnes heures d’effort le sommet s’offre à moi avec sa table d’orientation et un banc usé par le temps. Je découvre une vue exceptionnelle sur les trois massifs et la région grenobloise que je n’avais jamais vu d’aussi haut. Je viens de réussir mon premier sommet. Voilà un moment que je n’oublierai jamais. Je dois dire qu’aujourd’hui j’ai pris une belle revanche sur le Moucherotte qui m’a résisté. En effet je le fais, désormais, le soir à la sortie du travail en moins d’une heure !

 

10 mai 2020

Souvenirs de montagne-1 ***Receuil de textes édités en plusieurs parties***

 

 

SOMMAIRE

 

Préface d’Antoine Salvi

I   Préambule                                                                                                                   

II  L’appel de la montagne         

            Sentier tu me tiens et je ne veux plus te quitter !                   

           Quand ai-je découvert « l’appel » du sentier ?                        

L’idée fait son chemin                                   

Les débuts

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Préface d’Antoine Salvi

Dans ce blog des ‘Souvenirs de montagne »  mon ami Gérard Burini nous relate sa découverte, son initiation et sa pratique de la montagne dans un style direct sans fioritures proche de son ressenti.

Chaque montagnard, avec ses particularités propres, se retrouvera dans cette épopée tout en parcourant le vécu pittoresque de l’auteur.

J’ai surtout apprécié son humilité et son respect de la nature montagnarde  car comme je le signalais à chaque avant-propos de mes livres « La montagne est VIVANTE. Elle est nourricière d’un certain équilibre humain.

 En elle, l’homme entretient et forge une partie de lui-même. Au sein de l’urbanisation croissante de la vie sociale, elle constitue plus qu’une bouffée d’air, plus qu’un lieu idéal de loisir, elle est plus que jamais le poumon vivifiant indispensable à une multitude d’hommes. 

Aimer cette nature ne peut plus être aujourd’hui le simple émoi d’un cœur romantique vibrant devant sa beauté, mais c’est la RECONNAISSANCE qu’elle CONSTITUE UNE PARTIE ESSENTIELLE de la vie sociale moderne. La conserver dans sa richesse primaire est plus que jamais un enjeu pour tout homme. »

Puisse chaque lecteur de ce blog, être imprégné de cette vérité dans sa pratique montagnarde.

 

Antoine Salvi

 

 

 

 

 

 

                                                   

 

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Préambule

Depuis plusieurs années j’avais envie d’écrire un livre. Je cherchais un fil directeur. Un topo sur les randonnées, il y en a des centaines et cela est rébarbatif à lire. L’histoire d’un massif était une bonne idée mais fréquentant plutôt une multitude de massifs cela me paraissait difficile d’en choisir un, de s’y tenir et puis le sujet est trop coutumier.

Pour reprendre un terme à la mode je voulais pérenniser toute cette aventure que j’avais vécue pendant toutes années passées.

Le bonheur renouvelé sans cesse de la découverte d’un nouveau massif, au fil des randonnées à pied, à ski puis en VTT.

Les relations humaines des personnages rencontrées pendant toute cette période. Cette chaleur amicale liant les gens ayant la même passion.

L’enrichissement personnel des formations reçues par divers organismes ou montagnards expérimentés.

Après de nombreuses réflexions je choisis de décrire l’itinéraire chronologique de toute cette aventure vécue dès l’automne 1983 où complètement saturé du plat pays natal, je cherchais un havre de nature où je pouvais trouver de nouveaux centres d’intérêts. L’arrivée dans ce pays Grenoblois m’enchante immédiatement. Une ville où « au bout de chaque rue une montagne » pour reprendre une phrase célèbre, où chaque matin j’ouvre ma fenêtre pour apercevoir le Moucherotte différemment suivant la météo et la saison, où en allant sur mon lieu de travail je longe la frange verte puis j’aperçois la dent de Crolles sous le soleil levant et la traversée de l’Isère avec des « fumerolles » de brouillard. Tout cela n’a pas de prix… Et m’a demandé des sacrifices familiaux et professionnels, car les espoirs du travail n’ont pas été à la hauteur. L’un compensant l’autre mais le jeu en vaut bien la chandelle. Car à ce jour que serais je devenu là bas ? Rester un antisportif comme je l’étais, faire des repas familiaux bien arrosés autour d’une table jusqu’en milieu d’après midi encourageant un ventre « bedonnant » et toutes sortes de problèmes de santé.

Non, j’ai bien choisi ma voie, celle du sport, de la découverte de la montagne et des autres. Merci Grenoble !

          

Grenoble vu du Néron au printemps 2006

 

 

 

 

 

 

 

 

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 II L'appel de la montagne

L’Arlésien que j’étais, n’avais goût que pour le farniente sur la plage, les périodes montagnardes pendant les vacances familiales en Ardèche n’ont jamais attisé mon esprit vers cet espace préservé et sportif. Pourtant comme je le décris dans les récits suivants un déclic s’est fait. Mais de là à quitter une région où le climat est si agréable pour une contrée plus rude il y a un grand pas, difficile à franchir.

 

 

 

Moutons près du mont Charvet – Massif des Aravis

 

 

Sentier tu me tiens et je ne veux plus te quitter !

Tu es le mystère du parcours et de la destination quand je te suis au hasard sans carte.

Au fil de la balade je me pause toujours la question mais où peut il bien passer car il semble parfois s’arrêter puis d’un coup il vire, trouve un passage insoupçonnable, évite un abrupt, contourne une barre rocheuse, passe à des endroits inattendus, tantôt traverse un bois, une prairie, emprunte des terrasses herbeuses et passe dans des endroits paraissant inaccessibles à l’œil. Il semble toujours s’arrêter faute de passage et tout à coup le passage se découvre, inattendu et magique. Le mot sentier est synonyme d’aventure, d’espoir, de découverte. Je ne m’arrêterai jamais de le suivre car il me donne la soif de la découverte. Aller toujours plus loin pour voir plus.  Sillonner les sentiers d’un massif, c’est découvrir des paysages magnifiques, des cols, des sommets, des vallons sauvages, des prairies d’altitudes, des curiosités géologiques, des fleurs aux couleurs fortes, des animaux et les autres.

Mais pas n’importe quels autres ! Des randonneurs qui se croisent en se disant le fameux « bonjour » rassurant, au cas où ! Mais parfois cela va plus loin, une discussion s’engage au détour d’un sentier…Où vas-tu ? Comment est la suite du parcours, question sur tel ou tel passage délicat, suis je sur le bon itinéraire ? Etat de la neige et tant d’autres questions qui peuvent calmer les angoisses et rassurer. Cela m’avait beaucoup surpris quand j’ai commencé à faire de la montagne. Moi habitué au plat pays camarguais en croisant des gens qui ne se regardent même pas. Dès que nous quittons notre voiture et commençons le parcours nous entrons dans un autre monde. Nous oublions le travail, les soucis familiaux et quotidiens. Si je suis accompagné les discussions sont exclusivement montagnardes. C’est un autre monde où la déconnexion « d’en bas » est totale.L’envie « d’avaler » le maximum de dénivelée et d’arriver au sommet ne nous quitte plus. Rarement fort heureusement, je n’ai pu gravir un sommet pour diverses raisons et j’ai été contraint de faire demi-tour. Alors qu’elle déception ! Et le bénéfice engrangé pour la semaine est bien maigre. Quel que soit le temps, la forme physique, pour moi le sommet est une finalité. Je savoure les derniers instants avant d’arriver à cet endroit tant attendu et puis c’est le bonheur total quand le dernier mètre est gravi. Souvent je ne reste que quelques instants puis c’est la descente, satisfait et heureux d’avoir été jusqu’au bout.

Chaque saison a plaisir différent mais égal.

                                                  

                                                           Sentier du pic du cap Roux dans le massif de l’Estérel

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  • Recueil d'histoires vécues en montagne au fil des randonnées dans les Alpes et au-delà. Anecdotes de rencontres avec les personnages hors du commun mais aussi diverses frayeurs et mon engouement pour ce milieu qui m'a conduit jusqu'aux plus hauts sommets.
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