SOMMAIRE-6
Roger et l’arête de la Suiffière
La bête du Mont Véroux
Elle voulait faire voir le Moucherotte à son chat !
Pélouche
La thuile !
La minette
Rencontres fortuite avec les chasseurs
Premiers contacts
Le pays des chasseurs
Du gibier potentiel
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Roger et l’arête de la Suiffière
Il est 6h00 et je suis sur la route de Voreppe. J’avais décidé d’aller faire une marche au Grand Som en Chartreuse. Au niveau de la voiture rouge que tous les Grenoblois connaissent, je décide brusquement de tourner à droite pour prendre un raccourci nommé le chemin de Paluel. D’un coup je rattrape un vieux 4X4 qui roulait au pas et de surcroît un liquide coulait sur la route. Au bout d’un moment je décide de le doubler pourtant il y avait une ligne blanche et la route était étroite. Mais malgré cela je le dépasse. A peine arrivé à sa hauteur j’entends un grand bruit : je venais de l’accrocher au niveau du pare choc avant gauche. Nous nous arrêtons pour faire le constat d’usage. Après ce mauvais coup je m’arrête à Voreppe pour boire un café et prendre une décision pour la suite de cette journée. Finalement je décide de continuer mais en changeant de direction car j’avais trop perdu de temps. Je prends la direction de Cognin sur la route de Valence. J’envisage de faire les gorges du Nan. Arrivé sur place je me dis que finalement c’est dommage d’abandonner l’idée de faire le Grand Som par l’arête de la Suiffière. Je fais aussitôt demi-tour dans le village et « rebelote » je reprends la direction de Voreppe et de la Grande Chartreuse. Je laisse ma voiture au lieu dit du pont des Allemands. Il est environ 10 h quand je suis prêt pour le départ. C’était bien la peine de se lever à 5h30 !
Il y a beaucoup de voitures et quelques minibus immatriculés de l’Hérault. Je suis certainement le dernier à partir à cette heure tardive, mais il fait grand beau et peu importe si je n’arrive pas au bout. Je passe devant le Couvent des Chartreux où il est toujours agréable d’entendre le son des matines et de voir les vaches dans le champ face au monastère. Ce paysage est bucolique et je ne me lasse jamais de cet endroit où je suis venu si souvent avec ma mère. Je prends la direction du col du Frénay, sentier qui m’emmènera au pied de cette arête. C’est une balade que j’ai déjà fait il y a très longtemps et dont je garde un bon souvenir. Il y a des points de vues magnifiques sur le couvent et tout le massif. Arrivé au dessus du col je suis interpellé par un groupe de jeunes qui m’offrent des biscuits. La convivialité est toujours de mise. Nous discutons quelques instants. Ils sont de Montpellier et ils m’ont l’air bien fatigués, quoique partis une heure avant moi. Je les salue en pensant les retrouver au sommet. Ensuite je fais une traversée sous des falaises impressionnantes puis je franchis une petite brèche avant d’attaquer la fameuse arête. Certes il y a un balisage à peine visible mais la difficulté est la verticalité du lieu, souvent il faut s’aider des mains pour passer. Arrivé à mi-parcours je croise les premiers randonneurs qui descendent. Il semblerait que ce soit un groupe. D’un coup j’entends crier, mon attention est attirée sur la droite car je vois tomber une personne, puis je perçois des hurlements plusieurs fois : « Roger accroche toi à une branche ! » mais le pauvre Roger continu inexorablement sa chute en faisant plusieurs culbutes tête en bas et pieds en haut avant de s’immobiliser. La dame qui criait, certainement sa femme, descend rapidement auprès de lui. Tout à coup il y a un grand silence. Les personnes du groupe sont restées figées. D’un coup l’un dit d’une façon agaçé : « qu’est ce qu’on fait ? Faut-il appeler les secours ? » Toujours pas de réponse mais personne ne bouge. Ils se regardent comme impatients de repartir et leurs visages de dire « qu’est ce qui lui est encore arrivé ? ». L'un d’eux marmonne que c’est la fatigue. Certains piaffent d’impatience continuent de descendre ! La chute de Roger avait l’air de les ennuyer au point de les retarder ! Puis l’ordre est donné d’appeler les secours. Je m’approche du blessé, une personne assez âgée me semble t’il, qui à l’air d’avoir quelques contusions mais il ne peut pas se relever. Par la force des choses les autres font demi-tour et viennent auprès de lui pour le rassurer. Proposant mon aide ils m’ont fait signe que ce n’était pas vraiment utile. Sur ce je continue ma progression vers le sommet. Je suis moi aussi sonné par cette chute et quelque peu choqué par l’attitude du groupe. Arrivé à la croix du Grand Som je fais une pause. Après quelques minutes j’entends, puis je vois l’hélicoptère de la protection civile qui vient récupérer le blessé. Je n’ai pas revu les Montpelliérains, peut être ont ils arrêter la balade plus bas.
Ma descente se fait par le col de Bovinant et Notre dame de Casalibus célèbre car c’est le lieu historique de la construction de la première chartreuse. En passant devant la Grande Chartreuse le tour est bouclé.
Le lendemain la presse locale relatait l’accident. Il semblerait que notre pauvre Roger est eu une fracture de la jambe et quelques contusions. Vu son age il l’a échappé belle…
L’arête de la Suiffière au Grand Som - Chartreuse
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La bête du Mont Véroux
Au nord de Romans j’avais repéré un itinéraire de crêtes dans la montagne du mont Véroux. Je décide d’y aller par une belle journée de printemps. Mon périple commence par la visite de la chapelle St Roch datant du XI° siècle, restaurée par des passionnés du pays. Je traverse la cour d’une ferme. Là je vois une personne âgée qui visiblement avait envie de discuter. J’engage la conversation sur la pluie et le beau temps. Il me dit que sa mère très âgée ne viendra pas cette année car à 90 ans elle ne peut plus marcher. Il vient dans la journée puis rentre chez lui dans la vallée quelques kilomètres plus bas. Il m’avoue être chasseur et faire de bonnes bouffes entre eux. D’ailleurs quand il me parle de quelqu’un il précise tout de suite « celui là, c’est quelqu’un de bien : il est chasseur ! ». Chose que je ne partageais, mais je passais sous silence cette affirmation. Puis ce fut le tour d’un primeur de Voiron décédé, chasseur lui aussi et coureur de jupons comme il le disait, « ah il en a eu des femmes lui, toutes des clientes ! ». Il m’informe très fièrement qu’après sa mère il sera le dernier à être enterré dans le cimetière jouxtant la chapelle St Roch. Une trentaine de minutes plus tard je suis obligé de lui dire que j’allais continuer ma balade car à ce rythme là je ne pouvais pas arriver jusqu’au bout de cette randonnée. Je poursuis mon itinéraire à travers bois et prairies longeant cette crête de plusieurs kilomètres. A proximité d’un carrefour, j’aperçois au loin de la piste forestière croisée, un animal qui fuit au loin. Il ressemblait à un renard. Plusieurs centaines de mètres après je décide de m’arrêter pour prendre une petite collation car je n’avais pas pris de petit déjeuner.
D’un coup mon attention est attirée au loin. Beaucoup plus près que précédemment je vois un animal de couleur marron clair qui arrivait vers moi puis fit immédiatement demi-tour en m’apercevant. Je n’eu que le temps que de l’observer de dos : une queue longue par rapport au reste du corps. J’ai eu l’impression que c’était un félin… Je n’y crois pas, je pense toujours que cela doit être un renard. Pourtant il était bien plus grand et sa queue était bien différente. Je continue mon itinéraire mais ma pensée est restée dans cette image. Immédiatement je fais le rapprochement avec les informations 3 mois plus tôt : des habitants du Valgaudemard avaient aperçu un animal qu’ils n’avaient pas su identifier ce n’était pas un loup mais plutôt un félin. Que faisait-il là ? D’où venait-il ? D’après les informations régionales il y avait bien un puma qui se baladait dans le massif du Taillefer depuis plusieurs mois. Je me souviens que le préfet avait donné l’ordre à toute personne habilitée (garde forestier, …) de le tuer. Justement une de ces personnes le vit à proximité des habitations de Saint Barthélemy de Séchilienne. Il portait un fusil et avait une caméra. Il avait le choix entre le tuer ou le filmer. Au dire de cette personne le spectacle était tellement beau qu’il a préféré le filmer. C’est pour cela que j’ai pu l’observer à la télévision. Est-ce le même félin ? C’est bien possible. Pourtant entre le Taillefer et la Drôme des collines il y a plusieurs centaines de kilomètres.
J’arrive près d’un étang où je décide de manger les quelques victuailles que j’avais apportées.
Après une bonne sieste je refais le chemin en sens inverse. Et figurez-vous qu'au même endroit j’ai revu la bête s’enfuir dès mon arrivée. C’était certainement son territoire.
Lors des jours précédents j’ai suivi les actualités régionales comme à l’accoutumée et je n’ai plus jamais entendu parler de cet animal. Pourtant aujourd’hui je suis persuadé d’avoir côtoyer un puma car lors d’une visite au muséum des sciences naturelles de Lyon j’ai vu en exposition un puma qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui que j’avais observé.
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Elle voulait faire voir le Moucherotte à son chat !
Une amie avait fait l’acquisition d’un chat siamois. Un jour je lui propose de faire une petite balade de santé au Moucherotte. Lorsque j’arrive au rendez vous, je vois le chat dans la voiture. Je suis surpris et lui demande s’il va nous attendre ? Non, dit-elle il vient avec nous car je ne sors jamais sans mon chat ! Nous partons et il nous suit avec difficulté car il veut très certainement sentir de nouvelles odeurs qui ne vont pas dans notre direction. D’un coup nous le voyons grimper dans un arbre à toute vitesse. Nous le délogeons avec beaucoup de peine. Et il vient s’agripper au fils de sa maîtresse, en le griffant sérieusement sur les bras. Il s’en est fallu de peu, pour qui ne s’agrippe au visage ! Nous comprenons tout de suite cette réaction car un chien est là sans laisse et profite de la situation. Nous sommons son maître de le récupérer, ce qu’il ne fait pas. La tension est tellement vive que le fils ne peut tenir le chat, il le lâche et saute sur le propriétaire du chien en le griffant sur le bras puis se réfugie dans un arbre ! Une discussion musclée s’amorce : « Madame je suis médecin et si votre chat n’est pas vacciné, je dépose plainte ! » « Monsieur mon chat n’est pas vacciné mais c’est normal il est trop jeune et j’ai un délai pour le faire ! ».
Sur ces mauvaises paroles il prend note de l’adresse de madame en grognant et en marmottant : « qu’il ne m’arrive rien sinon vous allez voir ! ».
Nous n’avons plus jamais entendu parler de ce monsieur.
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Pélouche
J’avais une autre amie d’origine sud Américaine avec un accent à couper au couteau ! Elle aussi ne sortait jamais sans son chat… Pour une première balade nous nous donnons rendez vous sur un parking de supermarché. Je m’aperçois qu’il y a un chat dans la voiture. Nous partons marcher au dessus des cuves de Sassenage pour aller à la ferme Durand.
C’était un chat avec un magnifique poil angora nommé « Pélouche » avec l’accent ou « Peluche » en Français.
Tenu en laisse il nous suivait tant bien que mal… Puis par malveillance sa maîtresse lâche la laisse. Il part aussitôt et se il réfugie dans de la broussaille. Elle me dit : « Allez Gérard, vas le chercher ! ». J’essaye de le prendre mais il m’échappe plusieurs fois, finalement avec une bonne dose de patience je le mets en confiance et je réussis à l’attraper.
Après cette escapade, je la persuade de le mettre dans le sac à dos. Ce que nous faisons.
De retour nous passons chez moi pour prendre un verre. Le chat se promène dans l’appartement en reniflant de partout. D’un coup il monte sur le canapé et il se met à uriner généreusement… Je le pousse violemment pour l’arrêter. Et elle de me dire avec son accent : « je crois que s’il fait cela, c’est parce qu’il est bien chez toi ! »…
Je vous laisse imaginer le travail que j’ai eu pour enlever cette odeur tenace.
On ne m’y reprendra plus, laissons les chats à la maison…
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La thuile !
Le samedi après midi je me dirige vers Chambéry et en direction de Bassens.
Je trouve rapidement l’immeuble cossu ou habite Véro.
Je sonne, bonjour c’est moi Gérard…
Les discutions s’enchaînent les unes derrière les autres, enfin nous décidons de nous revoir le week-end prochain pour accomplir une randonnée.
Le dimanche arrive, je pars avec mes affaires pour une petite randonnée d’une demi-journée au mieux.
En arrivant elle prétexte une fatigue inopinée. Pourquoi pas… sauf que pour lui redonner le moral, dit elle, il faut que allions une petite heure au casino d’Annecy pour regarder les machines à sous, après nous iront visiter Annecy le vieux …
Nous rentrons dans ce temple du jeu, je la préviens qu’en aucun cas je ne jouerai car j’ai horreur de cela. Nous tournons dans les salles, elle joue, regarde les uns et les autres puis rejoue. Il se fait tard, je regarde le magnifique ciel bleu à l’extérieur. Je lui fais remarquer que nous sommes là depuis près de 2 heures et qu’il vaudrait mieux profiter du beau temps plutôt que d’être enfermé, mais rien n’y fait, la passion du jeu est plus forte que tout ! Après chacune de mes demandes elle me fait patienter en disant « encore un petit moment puis on y va… ».
Finalement je lui fixe un ultimatum après quoi je m’en vais ! Ce que je fais. Je pars seul et lorsque j’approche de la voiture je l’entends arriver en courant…
Le dimanche suivant, c’est décidé nous partons faire le tour du lac de la Thuile dans les contreforts des Bauges. Le temps n’est pas fameux, couvert puis pluie fine. Nous en faisons quand même le tour, agrémenté de la visite du charmant village tout proche. Elle trouve cela très long et ennuyeux car il n’y a personne. Tout à coup elle prétexte ne plus pouvoir supporter cette solitude, il faut que nous allions faire un tour en ville et pourquoi pas à Aix les Bains, je t’offre des crêpes dans un endroit que je connais bien, dit elle. Nous voilà parti… Nous mangeons effectivement dans une bonne crêperie malgré mon horreur pour ce genre de restauration car je sors toujours avec la faim au ventre… Bien sûr Aix est une ville de jeux et nous n’y coupons pas elle prétexte une baisse de moral pour aller au casino, juste pour voir … J’accepte pour lui faire plaisir. Comme la dernière fois elle perd… cela est invariable, c’est la soupe à la grimace pendant le retour. Je commence à comprendre qu’elle à le vice du jeu et que la montagne ne l’intéresse pas !
Je la dépose chez elle avant de rentrer sur Grenoble.
Nous nous revoyons le week-end suivant.
Suite à notre dernière balade, elle a pris froid et elle n’est pas allée travaillée de toute la semaine…
Elle m’avoue ne pas avoir le moral (une nouvelle fois !) et que ce matin elle est allée à Aix en bus au casino (et re-nouvelle fois !). Ma mère m’a envoyé de l’argent et j’en ai profité. Elle sait que je mange des pâtes tous les jours et elle m’aide un peu. Comme tu le sais je suis institutrice à Pontcharra et je suis dans un tel état que je demande ce que je peux apporter à ces pauvres enfants !
Je lui propose une ballade dans le
coin. Impossible de la décider à sortir, elle prétexte qu’il faut être dans un groupe pour faire cette activité car c’est déprimant !
Tu devrais essayer de faire démarrer la voiture que m’a laissée mon ex-compagnon. Nous allons sur le parking. Je ne me souviens plus de la marque mais c’est une voiture vétuste et en très mauvais état visuellement. Je lui dis qu’elle n’a pas fait une affaire de la garder. Après une heure d’infructueuses tentatives il et impossible de la faire démarrer. Ensuite c’est le tour de la cave : « la serrure est cassée, j’en ai acheté une autre, peux tu me la remplacer ? » J’accepte mais malheureusement je la mets à l’envers et il m’est impossible de revenir en arrière car la porte est percée… J’en ai ras le bol ! Il y a une lassitude des deux cotés. Nous faisons notre dernier repas en mangeant des pâtes pas cuites. Et miracle elle retrouve une cassette enregistrée d’un dénommé Jean Paul, un homosexuel qu’elle fréquentait dans la région Parisienne. Nous l’écoutons, cela lui permet de retrouver une certaine bonne humeur avec de bons souvenirs. Nous nous quittons sur cette note d’optimisme.
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La « Minette »
Il est 18 heures, avec Michaël nous courrons sur l’ancienne piste de ski de Saint Nizier qui nous emmène au sommet du Moucherotte. Visiblement il est en forme. Il est loin devant, rien ne l’arrête. Par moment je le rattrape car il s’assied en prétextant qu’il est fatigué ! Mais je ne le pense pas, c’est plutôt pour ne pas me vexer. En un peu moins d’une heure nous arrivons au sommet et nous contemplons Grenoble au soleil couchant. Ce panorama bucolique ouvre la discussion. Il me fait savoir qu’il vient de rencontrer une curiste, ou plutôt une « minette » dit-il… Je pensais qu’elle était très jeune, 30-40 ans, peut être moins ? Je renouvelle ma question, alors ? « Cinquantaine » me répond il. Mais alors les autres ? « La dernière c’était 75 ! ».
Celle là elle marche et fait un peu d’escalade enfin disons plutôt de la « via ferrata ». Puis il me raconte :
« Il y a quelques jours je lui propose de faire une escalade facile (pour lui !) Dans le Taillefer. Nous partons du hameau du Poursollet. Nous passons à travers bois et hors sentier pour rejoindre le début d’une voie qui se termine sur les crêtes du petit Taillefer. Nous galérons, je m’aperçois qu’elle n’a aucune expérience et entre chaque mètre gravi il se passe un temps fou ! Parti du bas vers 10h nous arrivons en haut vers 16 heures. Dur, dur pour une initiation ! Après un long repos c’est la descente aux enfers ! Les rappels s’enchaînent les uns derrière les autres. Il en est de même pour les pauses forcées… Nous arrivons à la voiture vers minuit. Je fouille mon sac, impossible de trouver la clef… Après plusieurs minutes de recherche je me souviens avoir vider mon sac sur les crêtes pendant la pause et les clefs ont dû glisser et rester en haut !
Je lui fais part de cela ! J’essaye d’ouvrir la voiture, impossible ! Elle est bien verrouillée. Il faut que je trouve un tournevis. Je vais dans les habitations voisines. Dans une maison il reste encore une lumière allumée. Je frappe en insistant pendant plusieurs minutes. Un homme à moitié endormi m’ouvre. Il me prête un tournevis. Mais il est toujours impossible d’ouvrir cette maudite porte… Nous décidons d’aller voir ce Monsieur et nous lui demandons de nous héberger pour cette nuit. Il accepte. Le lendemain je pars seul au lever du soleil pour refaire l’escalade et trouver les clefs. A midi je suis de retour et nous pouvons rentrer chez nous ! Qu’elle aventure ! Depuis je ne l’ai plus revue, je ne comprends pas pourquoi elle ne veut plus faire de la randonnée avec moi ? »
Hameau du Poursollet - massif du Taillefer
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Rencontres fortuites avec des chasseurs
Premiers contacts
La période de chasse est particulièrement redoutée par les promeneurs du dimanche, ramasseurs de champignon et randonneurs en basse altitude. J’ai une opinion précise sur cela. Je pense qu’il y a de la place pour tous ! « L’espace nature » est suffisamment grand pour que tout le monde y cohabite.
Le jour de l’ouverture j’ai un malin plaisir à faire une randonnée en basse altitude.
En 2004 je me rends dans la Crau proche de la Camargue pour faire une petite virée en VTT. Devant la réserve de Peau de Meau il y a des voitures, celles de chasseurs très certainement ! Je suis un peu surpris car il est 16 heures. Je prends le chemin principal. Après 20mn je rencontre un groupe de 2 chasseurs et une chasseuse, tous trois biens portants avec un ventre « bedonnant». Ils m’interpellent en me disant : « Savez vous qu’aujourd’hui c’est le jour de l’ouverture, ne venez pas vous plaindre si vous recevez des balles … » Me précisant quand même qu’ils ne pouvaient pas m’interdire l’accès. Je leur dis que j’en prends l’entière responsabilité et je continue tranquillement ma route.
Je me souviens de l’ouverture de 2003 où parti très tôt d’Arles pour me rendre dans le petit Luberon. Il était 5 heures du matin. Dans le moindre village traversé, les bars et les boulangeries étaient ouverts ! Et que voir d’autres sinon des 4X4, voitures fourgonnettes, voitures particulières avec une « remorque à chiens » à l’arrière. Ce jour là je n’ai pas eu de rencontre directe avec les chasseurs car la combe de Vidauque est une réserve où l’on ne chasse pas !
Les crêtes du Petit Luberon
En 2002 je suis en Isère dans le Vercors Est. Je fais une marche pour aller au col de l’Arc. Il est 10 heures du matin, j’entends au loin des cris, puis m’approchant de plus près j’assiste à une « prise de bec » entre plusieurs chasseurs. Je suis obligé de passer à proximité car il n’y a pas d’autres échappatoires pour atteindre le pré du Four. Sans me préoccuper des propos tenus je comprends très vite la source du problème : sur le capot des véhicules, il y avait de nombreuses bouteilles d’alcool vides et les restes du petit déjeuner ! Tout cela aidant à hausser la voix…
En 2001 je fais le circuit des crêtes en partant du col Châtain dans le bas Grésivaudan. En arrivant dans un pré nommé Champ Flou, je vois deux chasseurs très âgés assis dans une vieille 4L, les deux portières avant ouvertes, le fusil entre les mains et emmitouflés dans des vêtements chauds pourtant il ne faisait pas si froid que cela … Je m’avance pour leur dire bonjour, j’en profite pour leur demander si la chasse est bonne ? Ils me répondent qu’ils espèrent chasser des lapins. Voyant ce « tableau burlesque » je leur dit en plaisantant : ho ! Mais vous avez oublié d’ouvrir le coffre pour qu'ils puissent monter… sur ces bonnes paroles nous avons tous ri et j’ai continué ma route.
En 1999 et 91 des moins drôles ! Avec des collègues randonneurs nous n’étions pas sûrs de notre parcours, en croisant des chasseurs nous leurs demandons des renseignements sur notre itinéraire. Ils se sont fait un malin plaisir à nous faire aller dans la mauvaise direction. Visiblement nous les gênions ! Cela ne m’arrivera plus jamais de demander mon chemin à un chasseur…
Forêt de Cèdres dans le Petit Luberon
Le pays des chasseur
Depuis de nombreuses années un collègue de travail nous parle de son « petit paradis» dans le Diois.
Après avoir parcouru de nombreux massifs ma curiosité me pousse à aller faire un tour un week-end d’automne en pleine période de chasse dans cette contrée.
Nous arrivons vers 20h dans le village. Il fait nuit nous cherchons le gîte. Ne trouvant pas d’indication, nous frappons dans une maison du vieux village. On nous ouvre : une jeune personne nous accueille, nous entrons, l’odeur de l’alcool nous surprend, nous voyons un vieux monsieur attablé avec un verre de pastis assis, accoudé sur une table ronde, les femmes ont l’air de s’activer à la cuisine. Il nous demande ce que nous cherchons ? Le gîte ? C’est sur l’avenue principale à coté de l’office du tourisme. Nous y allons, nous rencontrons une autre personne titubante qui interpelle JP : alors tu rentres de vacances ? Elles se sont bien passées ? JP stupéfait n’a pas de voix pour répondre… Apparemment ici l’alcool délit les langues ou fait perdre la mémoire !
Nous nous installons dans un gîte assez unique… Il n’y a qu’une pièce faisant office de cuisine, chambre, salle à manger, dortoir et un seul WC pour 15 places environs. Nous avons peur de tomber sur de « mauvais coucheurs » car dans ce genre de logement : le premier qui se lève réveille tout le monde et l'on s’endort quand le dernier se couche Par chance personne n’arrive ce soir là. A une heure aussi tardive nous avons commandé un panier repas à la logeuse. Généralement j’ai horreur de ce genre de repas car on mange toujours froid ! Et cela n’a pas loupé le repas est froid ! Demain nous irons au restaurant.
Le matin nous partons de bonne heure. Nous passons par la place du marcher pour récupérer la voiture. Les commerçants sont déjà installés quand une personne d’un certain âge en habit de chasseur trône au centre de cette place. Et chacun y va de son commentaire. Alors la chasse a été bonne ! Et la chasse nianiania…. En résumé il n’y avait que le mot magique « chasse » qui sortait des conversations ! Malheur à celui qui aurait insinué une critique à la chasse.
Nous prenons la voiture pour aller vers le départ de notre balade journalière qui se déroule sur un terrain de chasse très prisé. Cela promet d’être chaud...
Arrivés à Aucelon nous partons rapidement vers le point culminant du massif nommé la Servelle. Nous suivons une route forestière qui monte très régulièrement à travers la forêt puis les alpages où se trouve une ferme apparemment inoccupée. Ensuite nous suivons une série de crêtes qui nous emmènent au point culminant du massif puis nous faisons route vers le 2° sommet nommé « la Berche ». Nous en profitons pour faire une petite sieste bien méritée. Nous nous apercevons qu’il est tard, déjà 16 heures ! Nous écourtons la descente en passant par un autre vallon. Depuis le début de la journée nous n’avons pas vu « âme qui vive » mis à part quelques vaches ! Il est vrai que c’est lundi et les chasseurs sont peut être au travail… Mais il y a un problème urgent à régler : nous n’avons plus d’eau depuis midi. Nous espérons trouver un point d’eau près d’une ferme d’alpage. Nous y arrivons. Bien sûr elle est inoccupée en cette période. Nous continuons notre descente quand nous croisons un tuyau de captage d’eau. Nous le suivons dans un sens, mais la pente devient de plus en plus raide. Nous supposons qu’il va à la source. Nous sommes bien éloignés du chemin quand nous abandonnons pour le suivre dans l’autre sens. Il faut dire que nous sommes très assoiffés depuis plusieurs heures. Au bout d’une vingtaine de minutes nous n’arrivons toujours pas à l’autre extrémité. Nous abandonnons et restons avec notre soif… Nous sommes pris par la nuit, en cette période il fait nuit noire vers 20h30. Nous sortons les frontales. Par manque de chance nous loupons un croisement. Nous nous posons des questions quand le sentier commence à monter au lieu de descendre ! Il faut dire qu’ici c’est un endroit très particulier car depuis le début de la journée nous n’avons pas vu une seule balise, ni panneau ! Tout le parcours se fait avec carte et boussole. Nous consultons la carte à la lumière. Nous faisons demi-tour en regardant scrupuleusement le moindre indice nous permettant de nous remettre dans le droit chemin. Je me souviens de ce que m’avait dit « le spécialiste du coin » : « attention ! Ici le territoire est vaste et l’on se perd facilement, dernièrement des personnes ont tourné plusieurs jours avant de trouver la sortie !» Finalement nous arrivons dans une petite clairière où j’aperçois un minuscule panneau manuscrit ! Indiquant le nom d’une ferme se trouvant sur la carte. Nous prenons cette direction. D’un seul coup la frontale de JP s’éteint… Nous essayons un dépannage d’urgence mais rien à faire… Pourvu que la mienne tienne le coup, il n’y a pas de pleine lune et notre retour s’arrêterait immédiatement ! Bonjour la nuit sous les étoiles ! Mais rien de cela. Nous arrivons à la voiture vers 22 heures en nous précipitant vers la fontaine du village !
Ce soir nous allons nous offrir un bon restaurant. Le village est petit et nous n’avons pas beaucoup le choix. Le premier que nous faisons ne fait pas de repas le lundi. Le second est ouvert et nous y rentrons rapidement car il se fait tard. Le patron nous accueille avec un accent Belge : « Attention je vous sers mais à partir de 23 heures ça va cogner, vous avez 30 minutes pour manger ! » Nous ne comprenons pas. Voyant notre tête il nous explique : « Tout les lundis soir j’organise une petite soirée en mettant la sono très fort. Ici il n’y a pas d’autre animation et j’essaye de distraire les jeunes ! Mais on me fait des histoires ! Vous savez il y a un escadron de gendarmerie à la sortie du village et certains soirs ils se pointent à 2 heures du matin pétante pour m’obliger à fermer ou me verbaliser… »
Nous mangeons des excellentes moules frites et saluons le courage de ce monsieur.
Le lendemain nous partons pour faire une randonnée dans le Beauchaîne au sud du col de la Croix Haute. Nous passons devant les ruines de l’ancienne chartreuse de Durbonnas avant de nous arrêter sur le parking, terminus de la route forestière. L’itinéraire du point culminant « le Durbonnas » semble évident sur la carte pourtant nous découvrons de nouveaux croisements sur le terrain, signe que des pistes forestières ont été tracées depuis. Après 1h30 d’effort nous arrivons dans la partie sommitale au dessus des bois. Le paysage est magnifique, avec JP nous nous disons que nous avons la chance d’être là. Il n’y a que quelques pins à crochets et cembros disséminés au milieu de l’alpage. Nous faisons une brève pause puis nous repartons. Je suis devant, nous entendons des aboiements, je cherche à repérer l’endroit d’où ils proviennent. D’un coup j’aperçois un berger allemand arrivant à toute vitesse sur moi… Je me mets à hurler de toute mon énergie « coucher, coucher, coucher…. » Et en faisant un geste avec mon bras droit de se calmer. Il stoppe net puis revient à la charge en continuant à aboyer et à me menacer. JP est derrière moi figé par la peur. Il est toujours autant agressif mais reste à quelques dizaines de centimètres sans me mordre ou me sauter dessus. Après 6 ou 7 très longues minutes il a l’air de se calmer. Je pense faire demi-tour puis je me dis qu’abandonner pour un chien errant ce serait dommage. Nous sommes à quelques minutes du sommet ! Je tente un départ « négocié » par la gauche en quittant le sentier car visiblement poursuivre dans la même direction serait de la folie : c’est son territoire. Effectivement il ne nous suit pas, nous regarde partir un long moment puis repart en sens inverse. Arrivés au sommet nous savourons ce moment après cette frayeur.
Sommet du Durbonnas – massif du Beauchêne
Du gibier potentiel !
J’ai téléphoné à JP quelques jours auparavant pour lui proposer un circuit dans le nord Isère entre Crémieux et Morestel, découvert dans le magasine « Terre sauvage » il y a quelque années.
Le temps est plutôt maussade. J’arrive dans le village de Courtenay vers 11h où nous avions rendez vous. JP me fait savoir qu’il viendrait de Crémieux en VTT, histoire de corser l’affaire, des fois que l’on n’en ferrait pas assez ! Je l’aperçois arriver dans une petite rue avec un sac à dos bien volumineux pour un « VTTiste », mais je comprend vite la raison. Il sort de son sac un lourd thermos pour m’offrir un café chaud que j’apprécie dans ce froid glacial de novembre.
Nous partons vers l’étang de la Salette. Des paysages variés se succèdent : étangs, villages typiques, bois et prairies qui caractérisent le paysage du Nord Isère. Vers 13h nous nous arrêtons sur une proéminence du Grand Marais caractérisée par une énorme pierre calcaire poli par les glaciers de l’ère quaternaire. Je propose à JP de faire une photo souvenir sur cette pierre après le repas. Nous mangeons allègrement en discutant. A ma grande surprise un véhicule 4x4 passe en contre bas, puis s’arrête à une centaine de mètres. Je me rends compte que la personne observe à la jumelle dans notre direction. Je me retourne vers l’amont, je ne vois rien d’anormal, ni gibier ni quoi que ce soit ! Je me rends compte de la réalité, c’est bien nous qu’il observe pendant quelques minutes. Puis il disparaît avec son véhicule non sans continuer la piste mais en prenant la prairie et disparaît derrière un taillis. Nous pensons ne plus le revoir et reprenons la conversation avec JP. Pourtant quelques instants plus tard, j’aperçois du coin de l’œil, une personne, fusil en main et nous fixant sans interruption. Je le regarde, cela a l’air de l’irriter et de le provoquer, je le vois sur son regard malgré la distance. Je fixe JP en écoutant sa conversation, il a le dos tourné à la scène et ne s’apercevoir de rien. Je fais semblant de ne plus le regarder, très certainement voyant que je me désintéresse totalement de lui, il s’en va. Je préviens JP de tout cela et nous suggérons de partir immédiatement. Tant pis pour la photo !
Il y a une rude montée que nous faisons péniblement puis d’un coup nous entendons un coup de feu dans notre direction, puis deux, puis trois, quatre et enfin cinq… Est-ce pour nous intimider ? Oui je le crois, il avait une haine dans son regard. Avec JP nous réfléchissons car rien ne laissait présager que nous étions en faute : pas de panneau d’interdiction en vu, nous étions sur un chemin balisé et de surcroît le vendredi est le jour de non chasse. Alors, pourquoi ? Aucune réponse à cela sinon la haine et l’incompréhension entre deux mondes différents de la chasse et du VTT. Pourtant l’un ne gène pas l’autre. Ou alors vu l’heure, un repas bien arrosé pouvait aider à faire ressortir la haine…